
Prince “Sign Of The Times Super Deluxe”
Sept mois séparent la première version de « Witness 4 the Prosecution » et sa deuxième lecture. Dans sa proposition initiale, un furieux rock Hendrixien enregistré live est interprété collectivement par un groupe réuni en studio. La seconde est un exercice solo 100% synthétique, uniquement porté par une voix, des programmations de claviers et le saxophone d’Eric Leeds. Entre les deux, Prince a dissous The Revolution pour s’embarquer dans l’aventure autocratique qui donnera naissance au légendaire Sign of The Times.
L’édition Super Deluxe du magnum opus de 1987 capture cette passionnante phase de mutation avec 47 titres inédits. Réparties sur 3-CDs et présentées de manière chronologique, ces excavations du fameux Vaut compilent les plages « perdues » de The Dream Factory, formidable essai pop-funk avorté dominé par l’aura de Wendy & Lisa, de Crystal Ball, la première configuration triple-LP de Sign of The Times, des chansons de Camille, l’alter-ego à la voix pitchée, et divers projets avortés, dont la tentative de comédie musicale The Dawn et une sélection de titres écrits pour des tiers, parmi lesquels Miles Davis, Sheila E., Joni Mitchell et Bonnie Raitt. Au-delà des titres studio mixés et prêts pour diffusion, on trouve aussi des prises alternatives d’extraits de Sign of The Times, des edits de répétitions (« And That Says What », « It Ain’t Over ’Til The Fat Lady Sings », « Soul Psychodelicide » par le line-up cuivré de The Revolution) et des versions extended jamais parues (« Wonderful Day » et un anecdotique Club Mix de Shep Pettibone pour « Strange Relationship »).
Le premier des trois volumes de cette offre pléthorique est marqué du sceau de Wendy Melvoin et Lisa Coleman, à la manœuvre sur l’extravagance Beatlesienne « All My Dreams », l’exercice Paisley Underground « Teacher Teacher », la valse-comptine « A Place in Heaven », les interludes instrumentaux « Visions » et « Colors », le carnavalesque « In a Large Room With No Light », la version psychédélisante de « Strange Relationship » – présentée pour la première fois dans son intégralité – et une fascinante prise inédite de « Power Fantastic », introduite par les instructions du maestro (« Ça ne sera peut-être pas la bonne, mais jouez ce que vous voulez et prenez du bon temps… »). Avec « Can I Play With U ? », témoignage superlatif de la rencontre au sommet avec Miles Davis période Tutu et le prototype synth-pop d’« I Could Never Take the Place of Your Man » gravé en 1979, ces classiques bien connus des collectionneurs constituent le meilleur d’un premier CD où les hits éclipsent quelques misses, à l’image d’un « Love and Sex » saturé et brouillon destiné à Sheila E. De même, « The Ballad of Dorothy Parker (With Horns) » est entravé par le saxophone intrusif d’Eric Leeds, tandis qu’une version 45-tours du labyrinthique « Crystal Ball », tronçonné à 3 minutes 30, fait figure de sévère coitus interruptus.
Désormais attribués à Sony Music, les droits d’utilisation d’une des plus légendaires créations Princières privent également l’auditeur d’autres extraits du coffret Crystal Ball paru officiellement en 1998, dont les incontournables « Movie Star », « Sexual Suicide » et « Last Heart ». Cette obligation contractuelle laisse toutefois place à une nouvelle série d’inédits de cette même période. Parmi les raretés du deuxième disque issu du Vault, les trois extraits de la comédie musicale avortée The Dawn alignent la somptueuse ballade « Crucial », dans un mix alternatif incluant les cordes de Clare Fisher, l’electro-funk glacé de « The Cocoa Boys » et l’uptempo « When The Dawn of the Morning Comes », qui préfigure à sa manière le frénétique « Trust » de la BO de Batman. Sont également alignés « The Ball », modèle go-go du « Eye Know » de Lovesexy, « Everybody Want What They Don’t Got », épatante miniature pop sous influence Fab Four, « Blanche », une jam Stonienne improvisée au Sunset Sound Studio, et l’élégant mid-tempo funky « It Be’s Like That Sometimes ». En milieu de parcours, la prise alternative de « Forever in My Life (Early Vocal Studio Run-Through) » définit un des sommets incontestables du coffret. Ici, le gospel electro minimaliste de Sign of The Times se pare d’un arrangement complet, avec guitare, basse, batterie et claviers pour une merveille mélodique digne des grandes ballades solos de Paul McCartney.
Moins satisfaisant dans son ensemble, le troisième et dernier volume d’inédits s’ouvre par un double-punch avec le funk laidback d’« Emotional Pump », offert de manière incongrue et finalement décliné par Joni Mitchell, et l’electro-rock abrasif de « Rebirth of the Flesh ». « Wally », la V2 opératique d’un grand titre perdu, et le gospel exubérant de « Walkin’ In Glory » tempèrent le quatuor de compositions anodines écrites pour Vanity 6 et adressées à Bonnie Raitt, qui les rejettera poliment (un « I Need a Man » astucieusement cuivré, « Jealous Girl » (version 2), « Promise To Be True » et le simili-reggae « There’s Something I Like About Your Fool »).
Occasionnellement en pilotage automatique, voire débordé par la gauche par son trop-plein créatif, Prince évolue entre fulgurances géniales, expérimentations multi-genres fascinantes et bon grain et ivraie dans cette généreuse somme parcourant les années 1985-1987. Il s’avère surtout un remarquable éditeur dont les choix judicieux ont permis d’aboutir à la réussite artistique totale de Sign of The Times. Présenté pour la première fois en version remasterisée*, l’album original est également augmenté dans son édition Super Deluxe par un disque de faces-B et de versions maxi, et surtout d’un concert donné en plein air au Stade de Galgenwaard d’Utrecht le 20 juin 1987. À l’instar de sa prise alternative proposée dans la sélection d’inédits studio, l’interprétation live de « Forever In My Life » est le point culminant d’un show dynamique et d’excellente facture, à l’image d’une tournée exemplaire érigée au rang de mythe. Durant plus de 13 minutes, Prince embarque 15000 bataves dans de longues improvisations folk-bluesy, avant de baisser le rideau sur un foudroyant « It’s Gonna Be a Beautiful Night », point final du versant audio d’un édifice (presque) à la hauteur de son illustre double-pilier central.
* Le lien d’écoute fourni par Warner Records ne permet pas de juger la qualité audiophile de ce nouveau remaster. De même, la vidéo du concert de Paisley Park du 31 décembre 1987 n’a pas été disponible en preview.
Prince Sign of the Times Super Deluxe (Warner Records)****. Sortie le 25 septembre en éditions Super Deluxe (8CD+DVD / 13LP+DVD / téléchargement et streaming des titres audio), Deluxe (3CD / 4LP 180-grammes / téléchargement et streaming) et album remasterisé (2CD / 2LP 180-grammes couleur pêche/ téléchargement et streaming).

Kamaal Williams “Wu Hen”
Signé par Gilles Peterson alors même qu’une partie de la presse française continue de le snober, Kamaal Williams revient aux affaires avec l’excellent Wu Hen, un hommage appuyé à sa mère, originaire de Taiwan. Achevé au Maroc en pleine crise du Covid, ce troisième album s’inscrit dans la lignée du classique Black Focus et du plus sombre The Return sans tomber dans la facilité. Henry Wu, dans le civil, s’est adjoint les services de Miguel Atwood-Ferguson, collaborateur réputé de Seu Jorge et Thundercat, entre autres. Il s’est aussi entouré d’une nouvelle équipe de jeunes gens prometteurs, à l’instar du saxophoniste américain Quinn Mason, rencontré à Atlanta lors de sa dernière tournée.
A l’écoute, le « Wufunk » de Kamaal Williams a gagné en densité et en richesse harmonique avec des clins d’oeil appuyé à la France. Le multi-instrumentiste anglais déclame son amour pour la ville rose sur le lancinant « Toulouse » suivi par « Pigalle”, aux frontières du bebop. En moins de 40 minutes, le trublion de la scène londonienne démontre une fois de plus qu’il est l’un des artistes les plus talentueux de sa génération sur le vieux continent. Le genre de type capable de vous faire aimer le jazz en le tricotant avec une grosse dose de house et de funk. Assurément un des albums de l’année.
Kamaal Williams Wu Hen **** (Black Focus Records). Disponible en vinyle noir, argenté et rouge sang ainsi qu’en CD japonais avec un titre bonus.

Jimi Hendrix “Songs for Groovy Children : The Fillmore East Concerts”
Cinquante ans après leur création, les quatre concerts mythiques de Jimi Hendrix au Fillmore East de New York le 31 décembre 1969 et le 1er janvier 1970 sont enfin réunis dans un même recueil. Panachées dans l’album (contractuel) Band of Gypsys paru en 1970, puis rééditées au fil des décennies sous diverses configurations – dont le double-CD Live at Fillmore East en 1999 – ces performances historiques interprétées par le trio composé du guitariste, de Buddy Miles à la batterie et de Billy Cox à la basse sont rééditées dans le coffret Songs For Groovy Children : The Fillmore East Concerts.
Au programme : 5 CDs (ou 8 LPs pour les amateurs de vinyles) avec plus d’une dizaine de titres et de versions inédites. Confronté à cette somme traversées de fulgurances électriques (“Machine Gun” et son blitzkrieg de wha-wha fuzz), de blues cosmiques et d’une touche de soul funkadélique (“Stop”, interprété par Howard Tate sur un texte de… Mort Schuman !), l’auditeur peut désormais reconstituer le fascinant puzzle du Fillmore East. Au détour des variantes exponentielles de “Who Knows”, “Power of Soul”, “Changes” et “Stepping Stone” déboulent un ébouriffant “Stone Free” dépassant la barre des 17 minutes, ou encore un -déjà antique- “Foxey Lady” résumant la distance parcourue par le gaucher cherokee de ses débuts avec l’Experience jusqu’à l’avant-garde de la fusion funk-rock.
Et si l’édition intégrale de ces quatre concerts n’est toujours pas d’actualité (cinq titres absents du deuxième set du 31 décembre et trois le lendemain), impossible d’éluder l’écoute d’un des ultimes sommets de la carrière du guitariste : “Goodbye 69″, harmonise Hendrix en introduction du midnight show du 1er janvier. Il lui reste neuf mois…
Jimi Hendrix Songs For Groovy Children : The Fillmore East Concerts (Sony Legacy). Coffret 5 CDs disponible le 22 novembre. Coffret 8 vinyles disponible le 13 décembre.
31/12/1969 (Set 1)
- 1. Power Of Soul
- 2. Lover Man
- 3. Hear My Train A Comin’
- 4. Changes
- 5. Izabella
- 6. Machine Gun
- 7. Stop
- 8. Ezy Ryder
- 9. Bleeding Heart
- 10. Earth Blues
- 11. Burning Desire
-
1. Auld Lang Syne
-
2. Who Knows
-
3. Fire
-
4. Ezy Ryder
-
5. Machine Gun
-
6. Stone Free
-
7. Changes
-
8. Message To Love
-
9. Stop
-
10. Foxey Lady
1/1/70 Set 1
-
1. Stone Free
-
2. Power Of Soul
-
3. Changes
-
4. Message To Love
-
5. Lover Man
-
6. Lover Man
-
7. Steal Away8. Earth Blues
-
9. Voodoo Child (Slight Return)
-
10. We Gotta Live Together
-
11. Wild Thing
-
12. Hey Joe
-
13. Purple Haze

Prince “Originals”
Après le pianiste-musicien salué l’an dernier dans Piano & Microphone 1983, Originals célèbre le Prince songwriter, à l’honneur dans une sélection de 15 titres confiés à ses collaborateurs les plus proches (The Time, Jill Jones, Sheila E….) et quelques commanditaires occasionnels (The Bangles, Kenny Rogers ou Martika). Sélectionnés par le Prince Estate et Jay-Z (propriétaire de la plateforme Tidal), Originals propose les versions 100% Princières, voix et arrangements inclus, de ces chansons. Chronique titre par titre :
1/ Sex Shooter (1983, 3’06)
Originellement destiné à Vanity 6 avant son débarquement de la planète Princière en 1983, le playback de « Sex Shooter » est en tous points similaires à la version chantée par Apollonia 6 dans Purple Rain, puis parue en 1984 dans l’unique album du girl-trio. Le premier titre d’Originals introduit avec clarté son concept : une collection de chansons livrées clés en main par leur auteur à ses interprètes, des intentions générales de timbres jusqu’aux moindres interjections vocales.
2/ Jungle Love (1983, 3’04)
Traitement similaire pour « Jungle Love », basé sur un instrumental de Jesse Johnson recyclé dans Ice Cream Castle, le troisième album de The Time paru en 1984. Pas de solo de guitare dans cette version aboutie, mais l’absence est comblée par l’irrésistible imitation par Prince des « singeries » de l’impayable Morris Day.
3/ Manic Monday (1983, 2’51)
Initialement destiné à Apollonia 6, « Manic Monday » devra patienter trois ans avant d’être rhabillée aux couleurs du Paisley Underground par les Bangles de Susanna Hoffs. Largement live, cette proposition rythmée par des textures acoustiques, un motif de clavecins Mozartien et des chœurs féminins (Jill Jones ?) navigue entre les fanfreluches pop de « Take Me With U » et la mélodie lead de « 1999 ». Ah, si The Revolution avait eu le temps de passer par là…
4/ Noon Rendez-vous (1984, 3’00)
Sheila E. est la récipiendaire privilégiée de quatre offrandes dans le tracklisting d’Originals. « Noon Rendez-vous », la ballade atmosphérique parue dans le premier album de la batteuse bouclée, n’a que peu d’affinités avec cette proposition “déproduite” et ultra-dépouillée, circonscrite par la voix a cappella de Prince et uniquement accompagnée d’un piano et d’échos lointains de LinnDrum. Splendide.
5/ Make-Up (1981, 2’27)
Inclus dans l’album Vanity 6, cet étonnant exercice electro-minimaliste anticipe les fascinantes programmations synthétiques de l’album 1999, « Something in the Water… » et « Automatic » en tête. Less is more avec l’association minimaliste d’une synth-bass, de handclaps électroniques, de claviers arabisants et d’une partie chantée robotique et désincarnée. Près de 40 ans après, nombreux sont les apprentis de l’electronica qui courent encore après ce genre de fulgurance.
6/ 100 MPH (1984, 3’30)
En 1985, Prince chipe l’arrangement original de « Kiss » au groupe Mazarati. En contre-partie, le premier album du groupe sorti en 1986 bénéficiera de « 100 MPH », mini-hit en puissance et perle deep-funk du répertoire Princier. Bien connue des fans, la version proposée au groupe de Brownmark circule en bootleg depuis plusieurs années. Surprise ! Cette anthologie propose une étonnante alternative augmentée par un discret gimmick de claviers et, surtout, la guitare hurlante de Prince, le jack directement branché dans la console, et en roue libre totale pour le choc funk’n’roll d’Originals !
7/ You’re My Love (1982, 4’24)
Contre-jour abyssal du titre précédent, « You’re My Love », confié au countryman Kenny Rogers en 1986 sous le pseudo de Joey Coco, est une tentative yacht-rock croonée en basso profondo par un Prince en complet contre-emploi vocal. Passé l’effet de sidération, ce prototype de 1982 bénéficie d’une agréable instrumentation calif’ dans le style de « Money Don’t Matter 2night », autrement plus agréable que le lessivage synthétique entendu dans l’album They Don’t Make Them Like They Used To du susdit Rogers.
8/ Holly Rock (1985, 6’38)
« Sheila E. is the name, Holly Rock is the game ! ». Entendu dans la BO de l’oublié Krush Groove, « Holly Rock » conjugue l’exercice de groupe — Eddie M souffle dans son saxo —, les guitares-carillons de « Erotic City » et la folie débridée des jams Princiers de l’âge d’or. Près de sept minutes d’extase pour un version extended surpassant haut la main son homologue officiel. Le sommet funky d’Originals, conclu par un hilare « Now try to dance to that ! » de son auteur.
9/ Baby You’re a Trip (1982, 5’51)
En 1987, Jill Jones, après plusieurs années passées dans l’ombre minnéapolitaine, publie son unique album solo et pulvérise (presque) toutes les autres productions estampillées Paisley Park. « Baby, You’re a Trip », unes de plus grandes ballades méconnues de Prince, constituait déjà un des Himalayas soul de Jill Jones. Piratée jusqu’à l’os depuis plusieurs décennies, le « Baby… » d’Originals offre son bonus personnel avec, en bout de piste, la stupéfiante outro a cappella de “Mia Bocca” absente des démos répertoriées.
10/ The Glamorous Life (1983, 4’12)
Hit incontournable de la carrière de Sheila E, « The Glamorous Life » inclus dans Originals est identique à la version leakée sur Internet au lendemain de la disparition de Prince. Aura-t-on droit au traitement similaire de “A Love Bizarre” sur l’hypothétique Originals Volume II ?
11/ Gigolos Get Lonely Too (1982, 4’41)
À première écoute, la ballade tragi-comique figurant sur le deuxième album de The Time partage le même playback que celui d’Originals. Oui, mais non : si l’instrumentation est identique, plusieurs écoutes approfondies confirment que ce nouveau mixage, enfin débarrassé de l’écrasement digital des premiers transferts CD, libère chaque instrument. En résulte une grandiose ballade pop-funk, dans laquelle un Prince à la voix doublée clone à nouveau Morris Day à la perfection, tout en chantant directement sur la bande son futur solo de claviers.
12/ Love… Thy Will Be Done (1991, 4’07)
Qui se souvient de Martika, one-hit wonder des tops européens au début des 90’s ? Prince aimait tellement les volutes new age « Love… Thy Will Be Done » qu’ils les reprendra sur scène au cours de décennies suivantes. Version identique à celle distribuée sous le manteau depuis 25 ans.
13/ Dear Michelangelo (1985, 5’22)
Dernière apparition de Sheila E. au générique avec « Dear Michelangelo », une séquence uptempo apparue dans Romance 1600, en 1985. Une fois encore, un dépoussiérage avantageux rehausse les saturations de la guitare de Prince dans une prise foutraque qui n’aurait pas déparé sur le CD bonus de Purple Rain Deluxe.
14/ Wouldn’t You Love To Love Me ? (1981, 5’56)
Vieille obsession Princière réenregistrée au fil des ans et proposée à Michael Jackson avant d’atterrir chez Taja Sevelle, « Wouldn’t You Love To Love Me ? » est présentée dans sa première incarnation réalisée en 1981. Lestée par une prise de son de qualité moindre au vu des autres titres d’Originals, cette (longue) plage de travail sans véritable relief constitue le maillon faible d’un ensemble hautement satisfaisant.
15/ Nothing Compares 2 U (1984, 4’40)
Exhumée en 2018 à l’occasion d’une parution en 45-tours, l’interprétation solo de « Nothing Compares 2 U » de la chanson offerte à The Family referme Originals, un recueil parcouru d’éclairs de génie, de surprises en tous genres, d’émotion et de frustration. Comme un album de Prince…
Prince Originals (Rhino/Warner) CD simple, téléchargement et streaming disponibles le 21 juin. Versions 2-LPs et Deluxe limité CD+2LPs disponibles le 19 juillet.

Lizzo “Cuz I Love You”
Originaire de Houston, Melissa Viviane Jefferson, alias Lizzo, a renoncé à une carrière de flûtiste professionnelle avant d’intégrer une série de groupes de la scène indépendante hip-hop locale. Relocalisée à Minneapolis en 2011, Lizzo est repérée par Prince, qui l’invitera à participer à l’album Plectrumelectrum. Entre-temps, la singer-songwriter a publié un premier LP solo, Lizzobangers, en 2013, suivi de Big Grrrl Small World deux ans plus tard et d’une série de singles et d’EPs confidentiels.
Cuz I Love You, son troisième véritable album — et son premier distribué par le prestigieux label Atlantic Records — est une brillante synthèse soul/funk/hip-hop/R&B particulièrement jouissive où abondent, outre un amour évident pour le hip-hop rétrofuturiste (“Tempo” avec Missy Elliott) et le funk-rock Princier (“Cry Baby”) de nombreux clins d’oeil pop : la ballade “Jerome”, adressée à un ex peu courtois, est déclinée sur les accords du “Creep” de Radiohead tandis que le morceau-titre de Cuz I Love You cite les harmonies dramatiques du “Rock’n’Roll Suicide” de David Bowie.
Et comme le confirme l’irrésistible pastille eighties et le clip qui accompagne le premier single “Juice” (voir ci-dessous), cette entreprise est énorme de bout en bout !
Jacques Trémolin
Lizzo Cuz I Love You **** (Atlantic Records/Warner). Disponible le 19 avril en version digitale, CD et vinyle le 17 mai.

Vulfpeck “Hill Climber”
La bande de Jack Stratton est de retour sur les platines avec Hill Climber disponible depuis le 6 décembre en version digitale. Fidèle à son funk minimaliste, le quatuor originaire d’Ann Arbor (Michigan) devrait faire un tabac avec ce quatrième album dans les lignée des précédents.
Soutenu par une génération de fan biberonnés aux réseaux sociaux, Vulfpeck a enregistré ce nouveau disque avant sa tournée européenne, de passage à Paris cet automne pour deux Olympia sold-out. Longtemps ignoré par les médias traditionnels, Vulfpeck poursuit son chemin en faisant fi des traditionnels réseaux de distribution tout en appliquant un marketing habile, en phase avec son temps.
Unique en son genre, la recette Vulfpeck n’a rien de révolutionnaire et renvoie immanquablement à l’âge d’or des seventies. Hill Climber n’y coupe pas et met, notamment, en valeur le jeu varié de Joe Dart, le génial bassiste du groupe. Un album de bonne facture sans (grosses) surprises avec son immanquable tube, l’entêtant et rafraichissant « Darwin Derby ». Everybody’s groovin’ !
Vulfpeck Hill Climber *** (Vulf Records) Informations.
PS : Hill Climber sera disponible fin décembre en vinyle blanc et noir — édition limitée.

Lenny Kravitz “Raise Vibration”
Non, Raise Vibration, le onzième album de Lenny Kravitz, n’est pas Negrophilia, le projet 100% funk annoncé depuis plusieurs mois (années ?), photos studio avec George Clinton et Maceo Parker à l’appui.
Néanmoins, ce nouvel essai recueille les faveurs de ces pages grâce à un agréable panel de 12 titres traversés de manifestations groovophiles. Enregistré à Gregory Town le repaire bahamien du multi-instrumentiste, Raise Vibration relève allégement le niveau d’une carrière récente flirtant dangereusement avec le néant créatif et des poses scéniques à la limite du risible.
Certes, les inspirations restent capables de semer le doute au blind-test quand « It’s Enough » calque ses ondes sur l’« Inner City Blues » de Marvin Gaye et “Who Really Are The Monsters ?” sur celles de l’electro-funk de Minneapolis. Et Lenny K. va même plus loin en proposant une double mise en abime inédite avec les exquis « I’ll Always Be Inside Your Soul » et “Ride”, échos directs d’« It Ain’t Over Till It’s Over », le tube Stevie Wonderien d’Always on the Run, en 1991.
Au-delà de l’auto-hommage, Raise Vibration imprime de solides séquences funk/pop, dont le final space bass de « Johnny Cash », les polyrythmes frontaux de « Low » et un percussif « The Majesty of Love » solarisé au sax alto par Harold Todd. Au final, une paire de ballades lacrymales restent les seuls écueils d’un ensemble fort recommandable dédié à un certain Prince Rogers Nelson.
Guillaume Lutrèze
Lenny Kravitz Raise Vibration *** (BMG). Disponible.

The Big Ol’ Nasty Getdown “Volume 2″
Près de six ans après un premier volume aux faux airs de superproduction funk, le collectif Big Ol’Nasty Getdown remet le couvert ! Si la formule est renouvelée à l’identique, à savoir une jam session pantagruélique réunissant un casting hollywoodien et multigénérationnel (Meters, P-Funk, Yo Mamas Big Fat Booty Band, Dumpstaphunk…), la liste des participants – une cinquantaine de musiciens en tout – a cette fois été élargie au-delà des horizons de la seule scène soul-funk. Parmi les nouvelles têtes, on signalera ainsi la présence de Speech, le leader d’Arrested Development, le guitariste Vernon Reid (Living Colour) ou encore le groupe Fishbone dont le bassiste Norwood Fisher est particulièrement mis à contribution.
Le premier single « Mantra », porté par une ligne de basse groovy et magnifié par la voix de Kendra Foster, laissait augurer du meilleur. Dès son ouverture sur le bien nommé « Rock It », hymne funk construit autour d’un riff de guitare entêtant, ce très attendu Volume 2 promet de surpasser son prédécesseur. Une impression qui ne fera que se confirmer sur le second morceau, « Love Somebody », introduit par une salve de cuivre tonitruante, puis tout au long de l’album jusqu’à « Creature Of Habits », final gospel pris d’assaut par un Angelo Moore déchainé. Dans l’intervalle, le titre «B4U Loved Me », chanté d’une voix de crooner par le Reverend Desmond Dangelo, offre une variation inspirée sur le thème du « If You Want Me To Stay » de Sly Stone. La ballade jazzy « Words » ou la soul ensoleillée de « Dream » apaisent quant à elles les énergies pour mieux les laisser exploser sur l’instrumental « Past Present Future » featuring Fred Wesley ou le up-tempo « Groovy Nasty » électrisé par la présence de RonKat Spearman.
Une fois encore, la maîtrise de John Heintz, producteur et instigateur du projet, a permis au collectif d’accoucher d’un album homogène et parfaitement cohérent, entre soul groovy et brûlots funk. Un exercice qu’on imagine pourtant bien difficile au vu du nombre de participants… C’est donc bien volontiers que l’on inhalera à nouveau les vapeurs euphorisantes de ce BONG !
Adrien Kras
The Big Ol’ Nasty Getdown Volume 2 **** (www.bigolnastygetdown.com). Disponible le 12 janvier en CD, vinyle et version digitale.

Funkadelic “Reworked By Detroiters”
Berceau des premières années de Funkadelic, la ville de Detroit a également marqué l’histoire de l’electro en voyant naître la techno dans la seconde moitié des années 80. Le P-Funk est d’ailleurs cité comme une influence majeure par des pionniers du genre et l’écho des sons extraterrestres du claviériste Bernie Worrell continue de raisonner dans la musique synthétique actuelle.
Le label britannique Ace Records a donc proposé à des artistes electro de la Motor City de boucler la boucle en revisitant le répertoire de Funkadelic période Westbound. L’ensemble des participants s’est ainsi prêté à l’exercice du remix pour un résultat global tiraillé entre l’hommage respectueux et la relecture radicale des classiques du groupe de George Clinton.
La compilation Reworked by Detroiters contient ainsi son lots de remixes inspirés, comme un « Get Off Your Ass And Jam (Marcel Pitman remix) » où les guitares acides se noient dans une ambiance lounge du meilleur effet. « Music 4 My Mother (Underground Resistance Mix) » donne quant à lui une saveur P-Funk eighties inédite à ce blues issu du premier album de Funkadelic. « Sexy Ways » et « Be My Beach », dans des versions respectives « Recloose Disco Fleap» et «Monophone & Tom Thump » sont quant à eux dopés à grands renforts de claps et de beats maousses. Ailleurs, le groupe garage The Dirtbombs s’incruste dans le casting en offrant une réinterprétation sauvage du « Super Stupid » tiré de l’album Maggot Brain.
On trouve également sur cette compilation quelques mixes alternatifs, l’occasion de donner davantage de relief à des pistes parfois étouffées dans le mille-feuille sonore originel. La ligne de basse de Cordell Boogie Mosson est ainsi particulièrement mise en valeur sur « Take Your Dead Ass Home (The Fantasy Version) », alors que les vocalises de Garry Shider ensorcellent un « Cosmic Slop (Moodyman Mix) » dans une version définitive de plus de neuf minutes.
Bien sûr, Reworked By Detroiters contient également sa part de ratés, comme ce « Maggot Brain » version dub atmosphérique ou un « You And Your Folks (Claude Young Jr Club Mix) » largement dispensable. L’ensemble demeure toutefois plutôt réussi et constitue une curiosité dont les fans du Funkadelic première période auraient tort de se priver.
Adrien Kras
Funkadelic Reworked By Detroiters*** (Ace Records). Disponible en double-CD et triple-vinyle.

Bootsy Collins “World Wide Funk”
Dans World Wide Funk, Bootsy Collins ne déroge pas à la formule initiée il y vingt ans déjà sur Fresh Outta P University. À savoir une liste d’invité longue comme le tarin de Sir Nose et un son à mi-chemin entre tradition P-Funk et tonalités contemporaines. Les vétérans Big Daddy Kane et Doug E. Fresh côtoient ainsi la nouvelle garde représentée notamment par la chanteuse colombienne Kali Uchis ou encore le collectif rap féminin BlvckSeeds.
“Bootsy Collins was born a long, long time ago in a subterranean cavern full of shining dinosaurs deep below the Ohio River….”. Après un monologue introductif signé Iggy Pop, l’album s’ouvre sur un funk explosif dont le groove polyrythmique n’est pas sans rappeler celui du “Stretchin’ Out” du Bootsy’s Rubber Band. Placé directement à sa suite, “Bass-Rigged System” nous offre un véritable choc des titans de la quatre-cordes qui voit le bassiste étoilé croiser le manche avec Stanley Clarke et Victor Wooten. Cette double salve introductive bénéficie de la présence de la jeune bassiste Alissia Benvetiste, qui, à grands coups de slaps, apparaît comme la caution funk d’un album souvent tiraillé par la tentation mainstream.
Passé le G-Funk matelassé de “Pusherman” et le bien nommé “Thera-P”, le funkateer cherchera en vain son latin sur des morceaux orientés club comme “Snow Bunny”, “Ladies Night” et “Hot Saucer”. Les slow tempos R’n'B “Heaven Yes” et “Hi-On-Heels” ou le plus enlevé “Candy Coated Lover” peinent également à susciter l’enthousiasme sur la partie centrale de l’album. Bootsy, dont la présence sonore se limite souvent à des interventions vocales parsemées ça et là, réussit même l’exploit de passer pour un invité sur son propre disque.
Parenthèse bienvenue, l’émouvant hommage “A Salute To Bernie” nous offre l’occasion d’écouter une dernière fois les sonorités extraterrestres du regretté Bernie Worrell. “Hey Bernie, please don’t go”, chante Bootsy sur ce morceau bricolé à partie d’une chute enregistrée au Bootzilla Re-Hab Studio par le magicien des claviers. Une fois passé l’anecdotique country funk “Boomerang”, la ballade “Worth My While” poursuit dans cette veine nostalgique en proposant une énième variation sur le thème quelque peu réchauffé de la séminale ballade “I’d Rather Be With You” (1976). Ponctué d’emprunts cuivrés au “Standing On The Verge Of Getting It On” de Funkadelic, “Come Back Bootsy” est un jam réunissant le guitariste Eric Gales et le batteur Dennis Chambers sur un groove fiévreux rappelant l’époque où le jeune William Collins officiait chez James Brown . Efficace! “Illusions” clôt ensuite l’album sur un funk-metal éruptif en compagnie de Chuck D. et du shredder masqué Buckethead.
Un retour en demi-teinte donc pour le bassiste emblématique du P-Funk. Si la démarche est louable, on peut regretter que Bootsy Collins s’entête dans sa course à la modernité, quitte à y perdre une partie de son public. A croire que celui auquel Iggy Pop prête des origines préhistoriques serait prêt à tout pour ne pas passer pour un dinosaure. A une époque où cette espèce de musiciens semble justement en voie de disparition avancée, il n’y a pourtant aucun problème à être Bootzilla…
Adrien Kras
Bootsy Collins World Wide Funk (Mascot Records). Disponible le 27 octobre en CD, double-vinyle et version digitale. Interview exclusive de Bootsy Collins à lire ICI.

Rock Candy Funk Party “The Grooove³”
Rock Candy Funk Party a de la suite dans les idées : le supergroupe de Tal Bergman (batterie), Joe Bonamassa (guitares), Renato Neto (claviers), Mike Merritt (basse) et Ron De Jesus (guitare) a donc nommé son troisième album The Grooove³ -ou The Grooove Cubed. Une promesse de funk/rock exposant trois récompensée dans une cuvée de quatorze titres comparativement supérieure à celle de Groove Is King, paru en 2015. La formation maîtrise toujours aussi bien la question du funk instrumental sous tous les angles (fusion-jazz dans “In The Groove”, le Blaxploitation et cinématique “Mr. Space”, downtempo et crépusculaire avec “After Hours”) et un goût prononcé pour les BO imaginaires et les mash-ups inédits lorsque “Funk-o-potamia” et “The Token Ballad” télescopent Led Zeppelin et les synthés planants du progressif, courtesy of Renato Neto, un ex du gang Princier.
Dans The Grooove³ , Rock Candy Funk Party ajoute également à sa panoplie multigenres une nouveauté avec les participations vocales de Ty Taylor (le chanteur de Vintage Trouble sur le single imparable “Don’t Even Try It”) et de Mahalia Barnes dans une étonnante mise à jour rythmique du “I Got the Feelin’” de James Brown. On trouve aussi dans cette surprenante troisième livrée une singulière échappatoire swing en fin de parcours (“Ping Pong”). Et comment ne pas aimer un groupe qui nomme ses titres “This Tune Should Run for President” et “Two Guys and Stanley Kubrick Walk into a Jazz Bar” ?
Jacques Trémolin
Rock Candy Funk Party The Grooove³ ****(Mascot Records). Disponible le 20 octobre en CD, double-vinyle et version digitale.

“Purple Rain Deluxe”, les inédits titre par titre
Le 23 juin, Warner Music rééditera Purple Rain, l’album phare de Prince and The Revolution paru en 1984 sous plusieurs formats. Outre un nouveau mix riche en détail (guitares plus tranchantes et parties vocales renforcées) de l’album original supervisé par Prince et réalisé par Joshua Welton en 2015, les versions Deluxe (2 CDs) et Expanded (3 CDs + 1 DVD) proposeront un disque supplémentaire et des versions digitales comprenant 11 titres inédits enregistrés entre 1983 et 1984.
Funk★U dévoile le contenu du CD bonus From The Vault & Previously Unreleased, une sélection comprenant quelques surprises.
★★★★★★★★
1/ The Dance Electric (11:29)
Composé avec André Cymone et disponible sur l’album A.C. du bassiste paru en 1985 et joué à de rares occasions sur scène entre 1986 et 2015, “The Dance Electric” est présenté dans une version longue de plus de onze minutes. Accompagné par Wendy & Lisa, Prince assure les lead vocals et étend les possibilités d’un groove mécanique au-delà du raisonnable. À noter que cette prise extended circule avec la même qualité optimale dans le circuit des bootleggers depuis 2015.
2/ Love & Sex (5:00)
Première véritable incursion dans l’inconnu avec “Love & Sex”, un titre uptempo datant de février 1984 où Prince empile frénétiquement les idées et les pistes en mêlant une partie vocale chantée dans le rouge, des guitares mixées à l’envers, des pêches de cuivres synthétiques et des sha-la-la poppy, sans pour autant trouver un gimmick satisfaisant. Énergique, mais confus.
3/ Computer Blue (Hallway Speech Version, 12:18)
Bien connue des fans, cette version longue s’apparente au maxi 45-tours fantasmé de la quatrième plage de Purple Rain. Passé la marque des quatre minutes, “Computer Blue” bifurque vers un déluge de chorus saturés et un break vocal au cours duquel Prince rejoue la scène finale de “The End” des Doors en déambulant dans un couloir “métaphysique” (le fameux hallway speech, récité par Wendy Melvoin sur les bootlegs), avant de trouver la porte de sortie sous une pluie de feedback.
4/ Electric Intercourse (Studio Version, 4:58)
Graal Princier depuis son apparition lors du mythique concert du First Avenue de Minneapolis en août 1983, “Electric Intercourse” se matérialise enfin sous sa version studio après avoir fait le tour des CDs pirates et des disques durs en option répétition depuis près de 25 ans. Écartée du tracklisting final de Purple Rain au profit du supérieur “The Beautiful Ones”, cette ballade cunnilingue - “I’ll shock U with my lips” – reprend plusieurs éléments de cette dernière, de la programmation ingénieuse de LinnDrum à une délicieuse mélodie de piano électrique. Disponible en streaming et téléchargement depuis le 28 avril.
5/ Our Destiny/Roadhouse Garden (6:25)
Interprété une seule fois sur scène le 7 juin 1984 au First Avenue de Minneapolis, le medley “Our Destiny/Roadhouse Garden” rassemble un premier morceau robotique interprété par Lisa Coleman et une deuxième partie basée sur une mélodie pop chantée par Prince. Un “chaud-froid” disponible en streaming et téléchargement depuis le 12 mai.
6/ Possessed (7:56)
On connaissait l’ébouriffante version live de 1985 présente dans le DVD du concert de Syracuse accompagnant l’édition Expanded de Purple Rain Deluxe, mais aussi la démo Princière synthétique et dépouillée disponible sous le manteau depuis plusieurs décennies. La version présente, basée sur les bribes entendues en musique de source lors d’une scène de dialogue de Purple Rain, s’écarte de ces prototypes d’une manière surprenante : porté par un motif de synthé-harpe aux confins de la dissonance et rythmé par le kick de la boîte à rythmes, “Possessed” dérape en fin de parcours pour plonger dans le grand bain psychédélique. “Have U ever had the feeling that someone was tearing U up in little pieces like a jigsaw puzzle ?”, “Someone’s in my body, Someone’s in my body !”, s’inquiète Prince. Quand James Brown rencontre Alice au pays des merveilles !
7/ Wonderful Ass (6:24)
Une autre pépite bien connue des collectionneurs et un des plus grands titres pop-funk de Prince, accompagné par Wendy & Lisa. Quand Prince marchait sur l’eau… Pop trivia : les allitérations en “ate” chantées par Prince en 1984 trouveront un écho étrange dans le “Mediate” d’INXS, paru trois ans plus tard. Michael Hutchence aurait-il eu accès entre-temps au Vault Princier ?
8/ Velvet Kitty Cat (02:42)
Apparue sous la forme d’un sample de 50 secondes au lendemain de la disparition de Prince en avril 2016, cette courte et inoffensive démo rockabilly à la prise de son étouffée s’apparente aux brouillons épars de l’insondable face cachée du coffre au trésors de Paisley Park. Un choix curieux…
9/ Katrina’s Paper Dolls (03:30)
Avec “Velvet Kitty Cat” et “Love & Sex”, cette bluette synth-pop inspirée par le deuxième prénom de la regrettée Denise “Vanity” Matthews, fait partie du bas de tableau de cette playlist de titres inédits. Selon le saxophoniste Eric Leeds, Prince savait faire le tri entre ses réussites personnelles et ses travaux destinés à ses side-projects. La preuve avec “Katrina’s Paper Dolls”.
10/ We Can Fuck (10:17)
Passé le décrochage d’attention provoqué par les deux précédentes plages, “We Can Fuck” propulse illico la sélection vers le sommet en constituant l’Anapurna groove de cette réédition. Les variantes lascives enregistrées avec The Revolution en 1985 et 86 enterraient jusqu’ici la proposition electro-funk interprétée par George Clinton dans la bande-son de Graffiti Bridge (1990). C’est pourtant cette trame qui sert de base à cette version minimaliste et dangereusement P-Funk pulsée par le drumming foudroyant de Prince. Après avoir installé pendant six minutes ses afterbeats implacables et ses échos vocaux inversés, “We Can Fuck” dérape dans une toute autre chanson en culminant en mode majeur et en fanfare de cuivres synthétiques, avant de retomber miraculeusement sur ses appuis Funkadéliques.
11/ Father’s Song (5:31)
Disponible en streaming et téléchargement depuis le 16 juin, cet instrumental pianoté inspiré de la section instrumentale de “Computer Blue”, elle-même inspirée d’une mélodie de John L. Nelson, le père de Prince, avait déjà été spoilée comme un autre temps fort de cette réédition. Proche dans l’esprit de “God (Instrumental Version)”, une face-B disponible sur le CD3 de l’édition Expanded de Purple Rain Deluxe, cette tranche de mélancolie conjugue une somptueuse mélodie organique et les ambiances froides et synthétiques des BO de John Carpenter. Osé et grandiose, kitsch et génial. C’était ça, Prince.
★★★★★★★★
PURPLE RAIN DELUXE
CD 1 : Original Album (2015 Paisley Park Remaster)
1. Let’s Go Crazy
2. Take Me With U
3. The Beautiful Ones
4. Computer Blue
5. Darling Nikki
6. When Doves Cry
7. I Would Die 4 U
8. Baby I’m A Star
9. Purple Rain
CD 2 : From The Vault & Previously Unreleased
1. The Dance Electric
2. Love And Sex
3. Computer Blue (“Hallway Speech” version)
4. Electric Intercourse (studio)
5. Our Destiny / Roadhouse Garden
6. Possessed (1983 version)
7. Wonderful Ass
8. Velvet Kitty Cat
9. Katrina’s Paper Dolls
10. We Can Fuck
11. Father’s Song
PURPLE RAIN DELUXE – EXPANDED EDITION
Contient les CD1 et CD2 de l’édition Deluxe
CD 3 : Single Edits & B-Sides
1. When Doves Cry (edit)
2. 17 Days
3. Let’s Go Crazy (edit)
4. Let’s Go Crazy (Special Dance Mix)
5. Erotic City
6. Erotic City (“Make Love Not War Erotic City Come Alive”)
7. Purple Rain (edit)
8. God
9. God (Love Theme From Purple Rain)
10. Another Lonely Christmas
11. Another Lonely Christmas (extended version)
12. I Would Die 4 U (edit)
13. I Would Die 4 U (extended version)
14. Baby I’m A Star (edit)
15. Take Me With U (edit)
DVD: Prince And The Revolution, Live at the Carrier Dome, Syracuse, NY, March 30, 1985
1. Let’s Go Crazy
2. Delirious
3. 1999
4. Little Red Corvette
5. Take Me With U
6. Do Me, Baby
7. Irresistible Bitch
8. Possessed
9. How Come U Don’t Call Me Anymore?
10. Let’s Pretend We’re Married
11. International Lover
12. God
13. Computer Blue
14. Darling Nikki
15. The Beautiful Ones
16. When Doves Cry
17. I Would Die 4 U
18. Baby I’m A Star
19. Purple Rain