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“Wattstax 20 août 1972, une fierté noire”

” Je suis quelqu’un/Je suis peut-être pauvre, mais je suis quelqu’un/Je n’ai peut-être aucune qualification, mais je suis quelqu’un/Je suis CV-Wattstax-rectonoir, magnifique, fier. Je dois être respecté/Je dois être protégé/Quelle heure est-il ? C’est l’heure de la nation “.

Scandés le 20 août 1972 au Coliseum de Los Angeles, les mots de Jesse Jackson inaugurent le légendaire Festival de Wattstax. Zénith de la fierté noire et grand-messe de la soul music, ce concert-événement, un temps baptisé Wattstock -en référence à son homologue hippie de 1969-, est le point central de l’ouvrage du journaliste et auteur Guy Darol.

Complément idéal des albums live et du merveilleux film de Mel Stuart, le récit de Wattstax 20 août 1972, une fierté noire, de sa gestation administrative aux performances de Rufus Thomas, The Bar-Kays, The Staple Singers et du Moïse noir Isaac Hayes, est prolongé par une passionnante remise en perspective historique.

Dans Wattstax, Guy Darol tire un remarquable trait d’union entre les origines de la ségrégation, les émeutes du quartier de Watts en 1965, le récent mouvement Black Lives Matter et l’histoire contrariée du label Stax. Car si le festival de Wattstax fut le point d’orgue de la formidable enseigne colourblind, il fut aussi son chant du cygne.

Wattstax 20 août 1972, une fierté noire de Guy Darol **** (éditions du Castor Astral, 192 pages, 15,90 €). Disponible.


Prince autobio une

Prince « The Beautiful Ones, mémoires inachevés »

Disponible en version française le 31 octobre, The Beautiful Ones, mémoires inachevées s’articule autour de trois axes, avec pour point d’ancrage la transcription des 28 pages manuscrites rédigées par Prince sur un carnet à spirale début 2016, quelques semaines avant le fatidique 21 avril. Essentiellement centrées sur l’enfance et les années d’apprentissage de « Skipper », son background familial, l’environnement local de Minneapolis, ses premières petites amies et, au détour de sombres épisodes épileptiques, quelques apartés musicaux, dont la découverte de l’influence première de « Do Me Baby ». Agréable à défaut d’être véritablement transcendant, ce récit interrompu laisse toutefois entrevoir une progression prometteuse, tout en entraînant une inévitable frustration, comme si « When Doves Cry » ou « Let’s Go Crazy » avaient été brutalement shuntées au bout de quelques mesures…

Mais bien plus que les mots du Prince auteur, ce sont les marges de The Beautiful Ones qui constituent le grand intérêt de cette semi-autobiographie. Ces courts écrits sont d’abord enrichis par la deuxième articulation de l’ouvrage : l’introduction de Dan The Beautiful OnesPiepenbring, jeune rédacteur du magazine littéraire Paris Review, retranscrit idéalement la folle genèse du projet, ses rencontres épisodiques avec son insaisissable co-auteur et l’enthousiasme débordant partagé par les deux partenaires d’écriture. Entre deux concerts australs de la tournée Piano and Microphone et une série de rendez-vous aux confins du surréalisme, Prince y déploie son irrésistible humour pince-sans-rire, tout partageant sa définition du funk : « Le funk est le contraire de la magie. Les règles, c’est ça qui compte dans le funk. »

Ces pages jubilatoires sont prolongées par le script -assez confus- de Dreams, le synopsis qui allait aboutir au film Purple Rain, et, surtout, une stupéfiante sélection iconographique. Photos de familles, bulletins scolaires, cartoons, paroles alternatives de chansons phares et, pièce maîtresse, un passionnant album-photo consacré à l’enregistrement californien de For You. On y apprend, entre autres révélations et annotations souvent hilarantes, que Prince avait décidé de conclure son premier album studio sur une reprise de… Frank Sinatra* ! C’est dans ces à-côtés illustratifs que réside la plus grande surprise de The Beautiful Ones : à rebours de ses déclarations anti-passéistes et son refus affiché de toute nostalgie, Prince avait consigné ses précieux souvenirs en archiviste consciencieux de sa propre histoire.

Prince The Beautiful Ones, mémoires inachevés édité par Dan Piepenbring. Traduit de l’anglais par Odile Demange et Jean-Philippe Guerand *** (éditions Robert Laffont). 304 pages, format : 15,8 cm × 23,2 cm,  27 euros.

* « Send in the Clowns », composée par Stephen Sondheim en 1973.


Belkacem funk

On the One ! L’histoire du funk en 100 albums

Musicien, enseignant, conférencier et Belkacem Meziane propose dans l’ouvrage On the One ! L’histoire du funk en 100 albums un panorama à la fois grand public et personnel du genre.

61+BIPaUnULEn prologue de ces 252 pages éclairées, une des plumes du magazine Soul Bag propose une analyse pertinente de l’évolution du funk, des ses origines rhythm’n'blues jusqu’à sa dilution dans la variété contemporaine. Cette introduction se prolonge par une sélection large de 100 albums emblématiques, de Dance to the Music de Sly and the Family Stone (1968) jusqu’à The One, synthèse electro/P-Funk signée Will Sessions & Amp Fiddler (2018).

Répertoriant chaque sous-courant (jazz-funk avec Herbie Hancock et The Blackbyrds, boogie avec Shalamar et The Whispers, disco avec Chic,  go-go avec Trouble Funk, hip-hop avec Dr. Dre…), cette liste et bien évidemment dominée par l’influence des quatre visages totémiques du Mont Rushmore funky : James Brown, Sly Stone, George Clinton et Prince.

Au-delà des incontournables et de quelques choix détonants (Contradiction pour The Ohio Players ? Hotter Than July pour Stevie Wonder ? Jump to It pour Aretha Franklin ? pourquoi pas…), cette discographie sélective a le mérite de ne négliger aucune période et de proposer en bonus pour chaque album un renvoi vers des conseils d’écoute judicieux. À lire le doigt sur la souris, ou -encore mieux- sur la platine !

On the One ! L’histoire du funk en 100 albums de Belkacem Meziane (Édition Le Mot et le reste, 252 pages, 20€).


Prince before une

Deux nouveaux livres sur Prince en librairie

Plus de deux ans après la disparition de Prince, la bibliographie consacrée à la carrière du multi-instrumentiste de Minneapolis continue de s’étendre. Après une première vague de parutions en 2017, deux nouveaux ouvrages de référence sont aujourd’hui disponibles en librairies.

Prince BorbonDans PRINCE MY Name Is, Marc Borbon contourne le principe traditionnel de la biographie en proposant une passionnante analyse de l’œuvre du songwriter. Rarement évoquée, l’écriture de Prince est le point de départ d’une étude en profondeur où les thèmes principaux de ses chansons — la spiritualité, le sexe, la politique — ouvre de nouvelles portes sur une discographie unique en son genre : et si Prince était le Bob Dylan du funk ? Ce regard inédit s’accompagne également d’une pertinente mise en perspective de la production musicale de l’artiste face à ses contemporains, sans oublier un point de vue détaillé sur les rapports complexes entretenus avec le hip-hop. Lecture -en français- fortement recommandée

(PRINCE MY Name Is de Marc Borbon*** Éditions du Camion blanc, 340 pages, 30€).

Prince BeaulieuDans la catégorie livre de photos, Prince : Before the Rain d’Allen Beaulieu s’impose comme l’ultime testament visuel paru à ce jour. Accompagnateur privilégié de Prince entre 1980 et 1983, le photographe a saisi le performer sur scène, dans les coulisses et signé trois pochettes iconiques : Dirty Mind (1980), Controversy (1981) et 1999 en 1982. Riche de plus de 300 clichés largement inédits, Prince : Before the Rain dresse le portrait d’un artiste émergent à la veille du zénith de sa carrière, du noir et blanc au pourpre. On découvre un Prince rieur, poseur, casual, aux côtés des acteurs principaux des productions satellites de The Time et Vanity 6, en passant par les instantanés de la houleuse première partie des Rolling Stones à Los Angeles, en 1981. Au-delà des photos, l’ouvrage comprend un texte de Jim Walsh incluant des propos des membres du groupe, dont Lisa Coleman, Dez Dickerson, Bobby Z. et Matt Fink. Révélation en fin de parcours : Allen Beaulieu aurait-il contribué sans être crédité à une des chansons les plus célèbres du répertoire de Prince ?

(Prince : Before the Rain d’Allen Beaulieu ****Éditions Minnesota Historical Society Press, import US, 29,95 $).


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Booker T and the MG’s, la biographie française

Pour la première fois, une biographie française retrace les origines et la carrière de Booker T and the MG’s, le plus légendaire des backing bands de la musique soul.

Booker T bookRacontée par Éric Tessier, voici l’histoire du groupe-maison de Stax Records replacée dans son contexte historique. Booker T & the MG’s, Green Onion & Memphis Soul retrace ainsi la création d’une formation mixte en pleine ségrégation raciale, puis l’envol du noyau dur du mythique quatuor composé de Booker T. Jones (chant, claviers), Steve Cropper (guitare), Al Jackson (batterie) et du bassiste Lewis Steinberg, bientôt remplacé par Donald “Duck” Dunn.

Bien plus qu’une signature sonore à jamais liée à l’incontournable “Green Onions”, le parcours de Booker T and the MG’s correspond de près à celui de Stax Records, des débuts extatiques à la banqueroute. Après avoir assisté les géants du genre (Otis Redding, Sam and Dave, Wilson Pickett…), le groupe fera les frais de la gestion hasardeuse du label. L’assassinat (toujours non-élucidée) d’Al Jackson, puis la disparition de Donald “Duck” Dunn en 2012 mettront un frein à une discographie étalée sur quatre décennies.

Cette dernière est commentée dans les pages de cet ouvrage où, outre les portraits des membres des MG’s et les multiples reformations du groupe, sont comptées de nombreuses anecdotes, parmi lesquelles les rendez-vous manqués avec les Beatles et Elvis Presley. À votre tour de plonger dans le soul limbo !

Booker T & the MG’s, Green Onion & Memphis Soul d’Éric Tessier (Camion blanc, 416 pages, 32 €).


 


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Isaac Hayes, la biographie en français

Parue en mai dernier et rédigée par David Desvérité, Isaac Hayes, l’esprit soul, est la première biographie en français dédiée au Black Moses. Son texte alerte et richement documenté retrace le parcours contrasté de l’enfant du ghetto de Memphis à la superstar oscarisée du label Stax dans les années 1970, mais aussi ses années de déclin et de rebonds inattendus, jusqu’à sa disparition d’une crise cardiaque en 2008, à l’âge de 65 ans.

cv-desvérité-hayes-325x486Au-delà d’une carrière musicale démarrée en solo, puis en tandem avec le parolier David Porter aux côtés d’Otis Redding et Sam and Dave lors de l’âge d’or d’Atlantic/Stax, puis de l’invention d’un genre basé sur les versions alanguies et Wagnériennes de standards pop (voir notre longue interview exclusive avec Isaac Hayes dans Funk★U n°7, en 2006), cette biographie met également en valeur la facette philanthrope et militante du créateur d’Hot Buttered Soul et des bandes originales de Shaft et Truck Turner.

Rattrapé par le Fisc, arnaqué par les dirigeants de Stax, abandonné par ses proches et distancé par la vague disco (et par Barry White, son rival de toujours) à l’issue de ses glorieuses années 1970, Isaac Hayes bénéficiera d’un deuxième souffle grâce aux samples du trip-hop, du hip-hop et surtout à son apparition caustique dans le rôle du Chef dans South Park, avant de succomber aux sirènes de l’Église de scientologie dans ses dernières années.

Accompagné d’une judicieuse discographie sélective, une lecture attentive d’Isaac Hayes, l’esprit soul s’impose également à la veille de la parution de titres inédits attendus dans les prochains mois.

Isaac Hayes, l’esprit soul de David Desvérité (Castor Music, 256 pages). En librairies.


Tele Music

“Tele Music”, la Library Music à la française

Le 9 juin, le livre d’art Tele-Music proposera une anthologie écrite et visuelle d’une des plus célèbres librairies musicale française. Créée en 1966 par Roger Tokarz, Tele Music a produit de nombreux enregistrements ayant marqué l’inconscient collectif de plusieurs générations, dont les indicatifs TV de Dim Dam Dom, le thème disco du tirage du Loto (version 79) et… Des chiffres et des lettres !

Le catalogue vintage de cette collection de Library Music Made in France contient des titres cultes utilisés par la publicité, mais aussi de larges portions instrumentales riches en grooves jazz-funk, soul et disco samplées, entre autres, par les Chemical Brothers et G-Unit et parfois composées par des rands noms de la variété française, dont Pierre Bachelet, Jean-Jacques Debout, Bernard Estardy ou Gabriel Yared (voir extraits ci-dessous).

PS : La sortie de cet ouvrage guidé par le directeur artistique de Tele Music Pascal Armand et rédigé par Julien Gaisne sera prolongée en septembre par la parution d’un vinyle de mixes. À suivre…

“Gang Train” de Bernard Estardy et Michel Gonet (1972).

Resonance et le très Blaxploitation “O.K. Chicago” featuring Pierrre Bachelet (1973) !

Arpadys “Monkey Star” (1977)

Communiqué de presse :

De 1966 à 2016, le catalogue de Tele Music s’est employé à sonoriser l’Histoire, passant de l’euphorie yéyé aux bandes-son des pornos softs des années 1970, de la pub triomphante des années 1980 à la techno des années 1990, de la télé-réalité des années 2000 à l’avènement du digital. Ces pièces musicales, souvent instrumentales, reflètent à merveille les tendances d’une époque.

Pour ceux qui l’ignorent, les Librairies Musicales sont des collections de musiques déjà enregistrées, le plus souvent éditées selon des thématiques et destinées aux professionnels de l’audiovisuel et des médias pour sonoriser des longs-métrages, des documentaires, des publicités… Depuis une soixantaine d’années que l’activité existe à travers le monde, de nombreux catalogues ont ainsi été créés et sont continuellement complétés par de nouvelles productions.
Composées par des artistes spécialistes de l’exercice comme à des musiciens menant des carrières « populaires » en parallèle, ces catalogues regroupent des œuvres que le public connaît par cœur sans avoir la moindre idée de qui a bien pu les composer.

Double Bande _ VinylCréée en 1966 par Roger Tokarz, Tele Music est une des plus prestigieuses librairies françaises, dont les enregistrements ont marqué l’inconscient collectif sur plusieurs générations et un catalogue vintage absolument fantastique. Dirigée depuis 9 mois par Rémi Agostini, passionné de musique et ancien responsable de la synchronisation au sein de grands groupes (TBWA, Publicis puis Universal Music), Tele Music a aujourd’hui pour ambition de transposer ses valeurs historiques (indépendance, soutient des artistes & qualité) en se tournant résolument vers l’avenir.

La soirée électorale du 8 mai 1981 sur l’ORTF, Alain Decaux Raconte, Dim, Contrex, La Victoire en Chantant de Jean Jacques Annaud (Oscar en 1977) sont quelques exemples de la pop culture qui doivent leur musique à ce label. Samplé par les Chemical Brothers, par G-Unit, par Jamelia, mixé par les 2 Many DJ’s, compilé par Stereo Ultra, plébiscité par la presse spécialisée à travers le monde, le catalogue a définitivement beaucoup à raconter…
Jusqu’à présent uniquement disponibles sous forme de vinyles d’époque (rares et chers), les archives musicales ont été numérisées et seront prochainement remises à disposition du public.

Tele-Music, 468 pages, 50 € (éditions Sforzando). Sortie le 9 juin. Telemusic.fr

Couverture


Stevie Wonder Castor

Une nouvelle biographie française de Stevie Wonder

Stevie-Wonder_Couv-325x481Auteur de biographies qualitatives sur Marvin Gaye et Otis Redding, notre confrère de Soul Bag Frédéric Adrian vient de publier Stevie Wonder, une nouvelle biographie en français dédiée au génial créateur de Songs in the Key of Life et Innervisions.

Frédéric Adrian propose en 264 pages denses une chronologie détaillée du parcours artistique de Stevie Wonder et de son imposante discographie. L’ouvrage aborde également son approche révolutionnaire de l’harmonie, des techniques d’enregistrement, ses combats politiques et sociaux, mais aussi des nombreuses contradictions propres à la carrière unique de l’ancien enfant prodige de la Motown.

Stevie Wonder par Frédéric Adrian (éditions Castor Music, 15€). Disponible


XXX GLOW RICKJAMES 9781476764146_HR.JPG D FEA

“Glow, The Autobiography of Rick James”

2014 aura été riche en autobiographies de musiciens de légende. Glow, co-écrit par David Ritz -auteur d’ouvrages sur Marvin Gaye et Ray Charles- retrace la carrière homérique de Rick James. Huit choses à retenir d’une vie qu’on pourrait résumer en trois mots : sexe, drogues et punk/funk !

  • Rick James a connu dix ans de galère avant de s’imposer

Loin d’avoir connu un début de carrière fracassant, Rick James a végété pendant plus d’une dizaine d’années dans le music-business avant de décrocher le succès avec son premier album solo Come Get It ! paru chez Motown en 1978. Les Mynah Birds, une formation pop/R&B dans lequel officient Neil Young et Bruce Palmer (futur bassiste de Buffalo Springfield), sont signés sur le label de Berry Gordy en 1966. Leur album ne sortira jamais, Rick James ayant échappé à la guerre du Vietnam en s’enfuyant au Canada, d’où le groupe est originaire.

À la fin des années 1960, James fréquente les stars du Laurel Canyon dans l’espoir d’atteindre la renommée de Joni Mitchell, James Taylor et surtout Crosby Stills Nash & Young. Bad luck : Alors qu’il pensait intégrer le quatuor désigné comme les Beatles américains, c’est le bassiste Greg Reeves, moitié de son duo prometteur Salt’n’Pepper, qui est invité à rejoindre CSNY.

En 1972, White Cane, un hybride jazz-funk-rock publie son premier (et unique) album The Great White Cane sur le label Lion. Un échec retentissant dû, d’après Rick James, un processus de production calamiteux au cours duquel le chanteur avait été exclu du studio par une équipe technique exaspérée par ses remarques.


 

  • Rick James a failli être assassiné par Charles Manson

La tuerie du Benedict Canyon, imputée aux adorateurs de Charles Manson, était un des signaux meurtriers de la fin des joyeuses sixties. Jay Sebring, à l’époque propriétaire des salons de coiffures préférés des stars hollywoodiennes et manager de Rick James, invite un soir d’août 1969 son poulain à une soirée organisée dans la villa de Sharon Tate, alors épouse de Roman Polanski. Par chance, Rick James, victime d’une migraine suite à des excès commis la veille au soir, décline l’invitation et échappe au massacre dont seront victimes, entre autres, Jay Sebring et Sharon Tate.

Motown Recording Artist Rick James
 

  • Rick James doit son nom de scène à Stevie Wonder

Né James Ambrose Johnson, Jr. le 1er février 1948, l’auteur de « Give It To Me Baby » et « Superfreak », après avoir démarré sa carrière professionnelle sous le nom Ricky James Matthews, a été baptisé Rick James par Stevie Wonder qui trouvait son patronyme trop long.

 

  • Rick James se prenait pour Scarface

Dealer depuis l’adolescence dans les rues de Buffalo puis celles de Los Angeles, Rick James avait l’habitude, au début des années 1970, de s’approvisionner directement à la source en allant chercher sa cocaïne pharmaceutique en Colombie et en Inde !

 

  • Rick James détestait vraiment Prince

Cible récurrente de Glow, Prince en prend pour son grade dès sa première tournée commune avec Rick James, en 1980. James l’accuse (entre autres), d’avoir copié son look outrancier, son funk aux couleurs pop, ses chorégraphies scéniques et son groupe de filles Vanity 6, décalque, selon lui des Mary Jane Girls. Décrit comme arrogant (ainsi que ses musiciens) Prince aurait également commis un crime de lèse-majesté en refusant de signer un autographe à la mère de Rick James. Des représailles, après que James, quelques années plus tôt, eut fait ingurgiter de force une bouteille de cognac à un Prince pleurant de colère ?

Prince+RickJames
 

  • Rick James a improvisé « Superfreak » en direct dans le studio

Une simple ligne de basse jouée pendant l’enregistrement de Street Songs (1981) est à l’origine du plus grand hit de la carrière de Rick James. « J’ai improvisé ce riff que je trouvais hypnotique. « J’ai demandé à un ingé-son de brancher un micro et j’ai commencé à chanter cette histoire comme elle me venait, l’histoire d’une super-break. Je n’ai pas écrit un seul mot, je l’ai improvisée en direct. C’est venu comme ça », raconte Rick James dans Glow.

  • Rick James était un starfucker

Le tableau de chasse du Superfreak est particulièrement impressionnant : entre groupies, mannequins, princesses, prostituées et girlfriends occasionnelles, l’ouvrage cite les noms de Jan Gaye (ex-femme de Marvin et inspiratrice de Let’s Get It On), Teena Marie, Catherine Oxenberg (de la série Dynastie) et Linda Blair, la vedette de L’exorciste !

  • Rick James avait neuf drogues différentes dans le corps au moment de sa mort

Le 6 août 2004, Rick James décède d’une crise cardiaque à l’âge de 56 ans. L’autopsie révélera que son corps contenait neuf drogues différentes, dont de la cocaïne, du valium, du Vicodin et de la méthamphétamine.

Rick James Glow

Glow, The Autobiography of Rick James de David Ritz *** (Atria Books, 346 pages).
Disponible uniquement en anglais.


Prince Let's Go book

“Let’s Go Crazy, Prince and the Making of Purple Rain”

À défaut d’une édition Deluxe célébrant en 2014 les 30 ans du combo film/album Purple Rain, Alan Light, journaliste à Rolling Stone, Spin et Vibe revient sur le phénomène pop qui balaya l’été 1984. Basé sur des entretiens de première main en compagnie de Wendy Melvoin, Lisa Coleman, Matt Fink, Bobby Z., Jill Jones et du tour manager Alan Leeds, Let’s Go Crazy, Prince and the Making of Purple Rain décrit de l’intérieur le quotidien de The Revolution, des prémices d’un projet fou à la dépression post-succès en passant par le zénith de la Princemania.

Qui aurait bien pu miser sur un long-métrage réalisé au fin fond du Minnesota par un réalisateur débutant (Albert Magnoli) avec pour vedette une popstar semi-inconnue du grand public et un casting d’acteurs en grande partie non-professionnels ? L’enquête d’Alan Light, qui a rencontré Prince Prince+Lets+Go+Crazy+bookplusieurs fois au cours des années 1990 et 2000, insiste à juste titre sur l’importance du tandem Cavallo-Fargnoli, alias la spaghetti connection, et leur pouvoir de persuasion que n’aurait pas renié les personnages de la saga sicilienne de Coppola. Une fois tombées les portes d’Hollywood, Let’s Go Crazy décrit un difficile tournage hivernal dans des conditions climatiques extrêmes compensé par la dynamique collective choisie par Prince au profit des membres de The Revolution. Un des rares moments d’ouverture d’une carrière marquée par un individualisme forcené, et aussi l’occasion de rares épanchements personnels racontés par Susannah Melvoin et l’ingénieure du son Susan Rogers. Une source de tension également : le livre rapporte les différents irréconciliables entre Prince et un Morris Day sous influence, sans oublier les clivages personnels à l’intérieur de The Revolution, notamment lors de l’arrivée de Wendy à la place de Dez Dickerson. Les dernières semaines de la gigantesque tournée Purple Rain sont aussi l’objet de pages relatant l’épuisement moral et physique du groupe, et surtout l’impossibilité pour son leader de reproduire un momentum identique lors de la suite de sa carrière (“après Purple Rain, Prince n’a pas su allier son art, son besoin de promotion et sa célébrité”, observe Lisa Coleman).

Tout en soulignant l’importance de l’album et en faisant preuve d’objectivité sur les nombreux défauts du long-métrage, Alan Light resitue la saga Purple Rain dans son contexte historique, celui de l’Amérique d’un Ronald Reagan obsédé par la – vraie- guerre des étoiles, d’une Amérique à la scène pop où les rivaux du kid Minnéapolitain ont pour nom Michael Jackson et Bruce Springsteen (rapprochements pertinents entre les trajectoires siamoises de Purple Rain et Born in the USA) et une Amérique glam où Prince a crée ses propres codes musicaux, vestimentaires et même capillaires (“On a détruit la couche d’ozone !”, s’amuse encore Lisa Coleman). Dig if U will the picture…

Jacques Trémolin

Alan Light Let’s Go Crazy, Prince and the Making of Purple Rain *** (Atria Books) 300 pages. Disponible uniquement en anglais.

 


Clinton autobio

George Clinton “Brothas Be, Yo Like George”

Qu’apprend-on après avoir refermé les 385 pages de Brothas Be, Yo Like George, Ain’t That Funkin’ Kinda Hard On You ?, l’autobiographie de George Clinton basée sur des entretiens réalisés par Ben Greenman. On savait déjà que le MC en chef de Parliament/Funkadelic était un conteur hors-pair, et ces mémoires faisant preuve d’une étonnante précision mémorielle confirment le retour à la grande forme du Dr. Funkenstein. « Clean » depuis 2010, George Clinton raconte une vie proche de la structure idéalisée d’un biopic, du difficile apprentissage de jeunesse à l’âge d’or des années 1970, puis la descente aux enfers (narcotique et juridique) avant la rédemption tardive. Épicentre de l’ouvrage, les années P-Funk privilégient la description des concepts épiques de chaque album de Parliament et Funkadelic aux détails d’enregistrements et aux bacchanales de tournées qui, selon témoins, n’avaient rien à envier aux campagnes de destruction massive des rockers seventies. Bootsy Collins et Bernie Worrell sont les seconds rôles principaux d’une saga délirante émaillée d’anecdotes sidérantes, de la rencontre fortuite de zombies sur le tournage de La nuit des morts vivants en passant par l’incroyable épisode du guitariste anonyme de « Get Off Your Ass and Jam ».

Sly Stone, l’autre acolyte de Brothas Be, Yo Like George…, occupe également une grande place dans un récit dont le dernier tiers décrit (parfois longuement) les déboires juridiques de George Clinton victime des bad guys Armen Boladian et Nene Montes, dépositaires illégaux d’enregistrements historiques produits pour Westbound, Warner Bros. et Capitol. Malgré quelques réserves, Brothas Be, Yo Like George, Ain’t That Funkin’ Kinda Hard On You ? constitue une lecture passionnante mais malheureusement réservée aux anglicistes, la chose ayant peu de chance d’être traduite un jour dans la langue de Molière.

Jacques Trémolin

George Clinton Brothas Be, Yo Like George, Ain’t That Funkin’ Kinda Hard On You ? **** (Atria Books)

Clinton autobio


Marvin Adrian

“Marvin Gaye” de Frédéric Adrian

Marvin AdrianVoici la première biographie de Marvin Gaye rédigée en français par Frédéric Adrian, notre confrère de Soul Bag. Marvin Gaye retrace le parcours chronologique de l’archange de la Motown, mais aussi la trajectoire tragique d’un performer et d’une personnalité fragile, têtue à l’extrême, voire bornée (le Stubborn Kind of Fellow de la chanson ?). De ses débuts à Detroit sous la coupe d’un père funestement autoritaire à l’exil Ostendais en passant la superstarisation des années 1970, l’ouvrage regorge de détails sur la conception des albums cultes (What’s Going On, Let’s Get it On et I Want You) et ses tournées de qualité aléatoire. Marvin Gaye est aussi complété par une discographie et quelques conseils d’écoute judicieux.

Moins crapoteuse que la biographie de David Ritz (Divided Soul, 1985) et aussi recherchée que celle de Ben Edmonds (What’s Going On, Marvin Gaye ?, 2001), ces quelques 250 pages offrent également quelques informations cocasses : on apprend, par exemple, que Marvin Gaye a produit en 1981 un album (resté inédit) pour Phil Barney, et que le Prince de la Motown a également participé à l’émission The Hollywood Squares, équivalent US de L’académie des neuf ! Rien que pour ça…

Marvin Gaye par Frédéric Adrian *** (Castor Music, 252 pages, 14 €). Disponible.


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