
“French Connection”, le groove made in France en double-vinyle
Si le terme French Connection évoque une période où les gangsters français régnaient en maître sur l’empire de la drogue entre Marseille et les Etats-Unis, cette époque a également été propice à la créativité musicale hexagonale nourrie d’influences américaines.
Au cours des années 1960 et 70, des musiciens, arrangeurs et producteurs français se sont distingués en fusionnant le jazz, la soul, le funk et le disco pour donner vie à des pépites sonores avant-gardistes.
Retrouvez à partir du 13 janvier dans le double-vinyle et l’édition digitale de French Connection ces perles rares Made in France signées (entre autres) Cortex, Françis Lai, Serge Gainsbourg, Janko Nilovic, Jean-Claude Petit et Bernard Estardy. Informations : frenchconnection.lnk.to/madeinfrance
Tracklisting
Disque 1
- 01 Quasimodo – Esmeralda
- 02 Cortex – Pourquoi
- 03 Janko Nilovic – Pop Impressions
- 04 Philippe Sarde – L’Appartement (O.S.T. “Deux Hommes Dans la ville”)
- 05 Daniel Janin – Red Mood
- 06 Jack Arel – Tracking (O.S.T “Aux Frontières Du Possible”)
Disque 2
- 01 Claude Thomain – Un Soir De Banco
- 02 Jean-Claude Petit – Turn Around
- 03 Daniel Janin – Rolly Polly
- 04 C.C.P.P. – Clavinet Shit
- 05 Jean Vasca – Moi Je Suis De La Nuit
- 06 Godchild – Pas Un Brin De Vent
Disque 3
- 01 Edition Spéciale – Tu Naîtras Demain
- 02 Claude Denjean & Synthesizer – Kiss This
- 03 Tony Barthele – Running Bass
- 04 Francis Lai – Somewhere In The Night (O.S.T. “Madly”)
- 05 Cliff Cardwin – Funky Music
- 06 Serge Gainsbourg – Fugue (O.S.T. “Les Loups Dans La Bergerie”)
Disque 4
- 01 Cortex – A Winning Team
- 02 Bernard Estardy – Ala Mia Thra
- 03 Bruno Leys – Maintenant Je Suis Un Voyou
- 04 Gilles Pellegrini – Caravan
- 05 Karl-Heinz Schäfer – La Victime (O.S.T. “Les Gants Blancs du Diable”)

Gainsbourg fait chanter Madame Claude à La Cinémathèque
Réalisé par Just Jaeckin, le créateur d’Emmanuelle, avec pour têtes d’affiche Murray Head, Klaus Kinski et Françoise Fabian dans le rôle-titre, Madame Claude s’inspire des mémoires romancées de Fernande Grudet, la sulfureuse instigatrice du plus célèbre réseau de prostitution de luxe de la France pompidolienne.
Signée Gainsbourg, la bande-son intensément disco-funk de ce thriller dénudé sorti sur les écrans en 1977 est sublimée par l’arrangeur-caméléon Jean-Pierre Sabar, accompagné de Slim Pezin aux guitares, du bassiste Sauveur Mallia et de Jean Schultheis à la batterie et aux percussions, sans oublier un featuring de Marcel Azzola au bandonéon sur l’instrumental « Mi Corasong ». Un Gainsbourg à la baguette signe également la chanson générique de Madame Claude avec un majestueux « Yesterday, Yes a Day » orchestral chuchoté par Jane Birkin.
Vendredi 6 juillet, la BO la plus groovy de la discographie de Serge Gainsbourg retentira à la Cinémathèque française dans la cadre d’une projection unique de la nouvelle copie de Madame Claude restaurée en 4K par le laboratoire L’Image retrouvée. Une soirée cul(te) dont les invités d’honneur seront Just Jaeckin et Françoise Fabian.
Madame Claude (version restaurée 4K). vendredi 6 juillet à 20 heures en présence de Just Jaeckin et Françoise Fabian. Informations

Les 10 titres les plus funky de Serge Gainsbourg
Le 2 mars dernier était celui du 25éme anniversaire de la disparition de Serge Gainsbourg. L’oreille -décollée- toujours ouverte aux nouvelles sonorités, l’Intoxicated Man n’a jamais dédaigné s’aventurer en territoires soul-funk, que ce soit sur ses propres albums ou ses bandes originales de film arrangées par Michel Colombier, Jean-Jacques Vannier, Alan Hawkshaw ou Jean-Pierre Sabar.
Entre classiques, raretés et inédits, Funk★U vous propose un top 10 des titres les plus groovy de Serge Gainsbourg. Love on the funky beat !
Chatterton (1967)
Requiem pour un con (1968)
Danger (BO Cannabis, 1970)
En Melody (1971)
Pan-pan cul-cul (1973)
Tout mou tout doux (inédit 1973, mix 2014)
Flash Forward (1977)
Discophotèque (BO Madame Claude, 1977)
No Comment (1984)
You’re Under Arrest (1987)

“Gainsbourg Live” en version Deluxe
En 1985, Serge Gainsbourg défend sur scène Love On the Beat, son album “américain” produit par Billy Rush, Nile Rodgers étant indisponible à cause d’un emploi du temps surchargé. L’album Gainsbourg Live enregistré au Casino de Paris, un des rares témoignages scéniques du Gainsbourg dernière période avec le concert du Palace 80 et le dispensable Zénith 89, sera à nouveau disponible en version augmentée le 30 octobre.
Une douzaine de titres supplémentaires – dont “Docteur Jekyll et Monsieur Hyde”, des extraits d’Aux armes et caetera, de Mauvaises nouvelles des étoiles et de Love On the Beat – sont au programme de cette réédition disponible en deux formats : 2 CD+DVD et triple vinyle.
Tracklisting
Disque 1
1. Love on the beat
2. Initials b.b.
3. Harley davidson
4. Sorry angel
5. Aux armes et cætera
6. Nazi rock
7. Des laids des laids
8. Ballade de johnny-jane
9. Bonnie and clyde
10. Vieille canaille “you rascal you”
11. I’m the boy
12. Docteur jekyll et monsieur hyde
13. Lemon incest (extrait)
14. Mickey maousse
15. La nostalgie camarade
16. Kiss me hardy
Disque 2
1. Dépression au-dessus du jardin
2. My lady heroine
3. Histoires
4. Je suis venu te dire que je m’en vais5. L’eau a la bouche
6. Lola rastaquouere
7. Présentation musiciens
8. Marilou sous la neige
9. No comment
10. Hmm hmm hmm
11. Harley david son of a bitch
12. La javanaise
13. Love on the beat
Rafraîchissons-nous la mémoire avec l’intro funk-rock du concert, soutenu par la section rythmique Tony “Thunder” Smith/John K. et la guitare très “Chic” de Billy Rush.

“Le cinéma de Serge Gainsbourg” bientôt en vinyle
Disponible depuis le 20 avril, le coffret 5-CDs Le Cinéma de Serge Gainsbourg propose plus de six heures de musique (dont une partie entièrement inédite sur disque). Cette anthologie de 141 titres (voir tracklisting) sera également disponible en version vinyle simple de 14 plages, dont des extraits d’Anna, Le Pacha, Les chemins du Katmandou et Slogan.
Cette édition collector sera disponible le 15 juin. Attention ! Tirage unique limité à 500 exemplaires.
Tracklisting vinyle
Face A
01-L’Eau à la bouche*, par Serge Gainsbourg 2’31
02-Si j’étais un espion** 2’54
Instrumental / direction d’orchestre : Michel Colombier
03-L’Escroc, par Serge Gainsbourg
04-Sous le soleil exactement, par Anna Karina 3’27
05-Anna (générique fin) 1’55
Instrumental / direction d’orchestre : Michel Colombier
06-Manon**, par Serge Gainsbourg 2’40
07-New délire again** (Manon 70) 3’49
Instrumental / direction d’orchestre : Michel Colombier
Face B
1) Requiem pour un con**, par Serge Gainsbourg 2’45
2) Un Noël 67** (Le Pacha) 2’16
Instrumental / direction d’orchestre : Michel Colombier
03) Les Chemins de Katmandou*** (générique) 3’22
Instrumental / direction d’orchestre : Jean-Claude Vannier
04) Transe party des haschichiens*** (Les Chemins de Katmandou) 4’15
Instrumental / direction d’orchestre : Jean-Claude Vannier
05) La Chanson de Slogan***, par Serge Gainsbourg et Jane Birkin 2’49
06) Paris-Bombay*** (Slogan) 1’54
Instrumental / direction d’orchestre : Jean-Claude Vannier
07) La fille qui fait tchic-ti-tchic, par Michèle Mercier 2’17
Composé avec :
* Alain Goraguer / ** Michel Colombier / *** Jean-Claude Vannier

Jean-Claude Vannier en concert à Paris le 11 mai
Avis aux gainsbourophiles parisiens : Jean-Claude Vannier, titulaire d’une imposante carrière solo de compositeur/arrangeur et artisan, entre autres, de pièces maîtresses de la discographie de Serge Gainsbourg, donnera un concert exceptionnel au studio 104 de La maison de la radio le lundi 11 mai. Au programme : des extraits de son répertoire solo, de ses collaborations avec la série A de la chanson française et des sélections d’Histoire de Melody Nelson et de la bande originale récemment exhumée des Chemins de Katmandou.
Entrée libre à partir de 19 heures en fonctions des places disponibles. Ce concert sera diffusé le samedi 16 mai à 18 heures dans l’émission Le temps d’une chanson sur France Musique.
Communiqué de presse :
Voilà une quarantaine d’années que Jean-Claude Vannier nous en fait voir de toutes les couleurs sonores. Compositeur, arrangeur, chef d’orchestre, c’est avant tout l’auteur et l’interprète de ses propres chansons que nous aurons le privilège d’écouter sur la scène du 104 entouré de ses musiciens : Denys Lable (guitares), Tony Bonfils (basse), Daniel Ciampolini (batterie) et un quatuor à cordes issu des rangs de l’Opéra de Paris (Jeanne Lancien et Ludovic Balla (violons), François Bodin (alto) et Julie Chouquer (violoncelle)). Privilège parce qu’en parfait électron libre, il ne se produit que lorsque ça lui chante.
Il donnera en exclusivité pour France Musique un tour de chant mêlant de petits chefs-d’œuvre méconnus à d’autres que l’on reconnaîtra instantanément sans forcément savoir qu’il en est l’auteur. Dans la « chansonnerie » mauvaise ou bonne, comme disait Nougaro, le nombre de ses collaborations comme auteur, compositeur et/ou arrangeur n’a d’égal qu’une amplitude esthétique assez vertigineuse : de Johnny Hallyday à Serge Gainsbourg en passant par Michel Polnareff, Claude Nougaro, Barbara, Georges Brassens ou encore Brigitte Fontaine. C’est cela aussi Vannier : l’un des trésors les mieux cachés de la chanson.
C’est dire si ce musicien, poète des sons aussi bien que des mots, autodidacte de formation, manipulateur des instrumentarium les plus délirants reste après tant d’années d’activité un artiste à découvrir.

Vidéo : “Le cinéma de Serge Gainsbourg (teaser)”
Le 20 avril, le coffret Le cinéma de Serge Gainsbourg proposera un panorama des musiques de films du compositeur (entre autres) de La Horse, Je t’aime, moi non plus et du Pacha en 5-CDs, vinyle et version digitale. Découvrez ci-dessus le teaser du contenu de cette anthologie qui comprendra de nombreux inédits.
PS : Rendez-vous très prochainement pour le tracklist définitif et détaillé du coffret !

Stéphane Lerouge dévoile le contenu inédit du “Cinéma de Serge Gainsbourg”
Le 20 avril, la collection Écoutez le cinéma ! proposera une version enrichie du Cinéma de Serge Gainsbourg en 5-CDs, vinyle et version digitale. Stéphane Lerouge, concepteur de l’édition originale parue en 2001 et de ce nouveau coffret, dévoile les (nombreuses) découvertes, surprises et pièces inédites d’un objet Gainsbourien qui fera date. “Ce nouveau Cinéma de Serge Gainsbourg est aussi un cinéma de Serge Gainsbourg nouveau !”.
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Funk★U : Stéphane Lerouge, vous avez conçu et réalisé le premier coffret Le Cinéma de Gainsbourg en 2001. Quelles sont les différences fondamentales entre cette nouvelle édition et la précédente ?
Stéphane Lerouge : Ces différences découlent de la fin annoncée d’un format, le long-box. Pour des raisons de taille, ce format n’a plus sa place dans les bacs. À l’époque, on avait turbiné un an et demi à l’élaboration du coffret initial Le Cinéma de Gainsbourg. C’était la première fois qu’on entreprenait de compresser Gainsbourg comme compositeur de musiques de films en 3 CDs et 3h30 de musique. Il était impossible que tout l’acquis de ce travail disparaisse, qu’il n’existe plus d’anthologie généraliste, de synthèse des bandes originales co-signées Gainsbourg. En même temps, fallait-il simplement repackager les 3CDs existants avec le même livret ? Ca aurait été réducteur et frustrant car, dans l’intervalle, j’étais parvenu à exhumer un certain nombre de bandes masters que, en 2001, on croyait perdues ou disparues. Sur un format long-box, ajouter deux CDs supplémentaires et donc un rabat additionnel, aurait plombé la fabrication… et donc le prix de vente. Quand est apparue l’idée de repenser Le Cinéma de Serge Gainsbourg au format d’aujourd’hui, c’est à dire dans une boîte cartonnée capbox, l’évidence nous imposait de faire en 2015 ce qui n’avait pas été possible en 2001 : pousser le projet à une échelle de 5 CDs, c’est-à-dire 6 heures de musique. On était au format standard, on est passé en CinémaScope.
Quels sont les titres proposés dans ce nouveau contenu ?
Tout d’abord, il y a les titres issus des bandes studio localisées depuis 2001, celles notamment du Pacha, Le Jardinier d’Argenteuil, Comment trouvez-vous ma sœur, Vidocq. Ou encore Manon 70, une vraie découverte car on ne connaissait que les deux faces du 45-tours Philips, qui n’offraient pas une vision juste de la partition dans sa véritable ambition. Gainsbourg avait un lien affectif fort avec cette partition et cette chanson : que le cinéaste l’ait trappée au mixage a été une vraie douleur pour lui. Il y avait aussi d’autres éléments épars : un bobinot avec le thème principal de L’Une et l’autre, un film d’auteur, fragile et un peu oublié, signé René Allio. Autre hasard des recherches : en traquant les masters américains des Demoiselles de Rochefort, je suis tombé sur une petite bande de Slogan sur laquelle figurait un thème prévu pour la face B du 45-tours Philips, mais finalement guillotiné. Posée sur un Studer, la bande a délivré une déclinaison instrumentale de la chanson pour cuivres et cordes, encadrée par deux thèmes indiens, avec sitars et tablas. Ca s’appelle Paris-Bombay et ça contient toute la perversion harmonique de Jean-Claude Vannier, ça renvoie aussi à ses souvenirs d’enfance des fanfares de l’Armée du Salut. En 2001, on avait remixé plusieurs morceaux de Strip-tease, d’après les 4 pistes originales. L’un d’entre eux, Effeuillage, était resté inédit : il trouve donc sa place dans ce nouveau coffret. Tout comme un instrumental azimuté de Aurais dû faire gaffe, le choc est terrible, que Jean-Pierre Sabar a eu la gentillesse de nous transmettre. Sans oublier la fameuse chanson L’escroc dont Sébastien Merlet a retrouvé un support pour l’intégrale Mercury de 2011. Tout ce matériel marquait déjà une vraie différence avec l’édition originale du Cinéma de Serge Gainsbourg.
Avez-vous pensé à enquêter du côté du mythique studio Ferber, où Gainsbourg a beaucoup enregistré ?
Oui, Ferber a été le lieu d’une autre découverte providentielle En inventoriant les bandes originales enregistrées par René Ameline (propriétaire du studio, décédé en 2014, ndr), je suis tombé sur les 24 pistes du documentaire Mode en France et d’Équateur. C’était assez émouvant, car on entendait sur les bandes des échanges entre Gainsbourg et les musiciens. À un moment, Gainsbourg se met à scander le titre d’Équateur : «É-qua-teur, É-qua-teur… Il faut s’en servir, tu m’entends ?» On a suivi son indication, en utilisant sa voix en transition. La musique de Mode en France, elle, est bâtie sur des reprises instrumentales de chansons des années 80, dont un retraitement iconoclaste de Dépression au-dessus du jardin, avec un jeu de modulations successives. De la même manière, l’éditeur Sido Music, partenaire historique de la collection Ecoutez le cinéma !, nous a fourni les bandes studio de Toutes folles de lui, une comédie mineure de Carbonnaux : l’une d’entre elles a révélé un échange inattendu entre Gainsbourg dans la cabine et Michel Colombier, dans le studio, au célesta. À ma connaissance, c’est le seul support où on les entend ensemble, complices, dialoguer en studio. Au mastering, nous avons réalisé un petit montage qui figure en amorce d’un morceau, comme une photographie sonore de leur fraternité. Quoi d’autre ? Noëlle Debailleul, responsable de la bandothèque d’Universal, a mis la main sur une bande studio stéréo de Goodbye Emmanuelle, avec plusieurs versions inédites du thème paradisiaque Emmanuelle at the sea. On en a profité pour remasteriser la chanson alternative Goodbye Emmanuelle, avec un son infiniment supérieur. Enfin, nous avons régularisé la situation avec Michèle Mercier, afin d’inclure son joyau pop, La Fille qui fait tchic-ti-tchic, retiré dès la seconde édition du coffret, en janvier 2002. Il y a aussi la version chantée de la Ballade de Johnny Jane par Jane Birkin, co-composée et arrangée par Jean-Pierre Sabar, qui ne figurait pas sur l’édition originale. D’ailleurs, le nouveau livret contient un témoignage de Jane Birkin sur le rapport de Gainsbourg à l’image.
Des extraits de La Horse et des Chemins de Katmandou font également partie de ce nouveau contenu…
Suite à l’inventaire exhaustif de toutes les archives Universal, Noëlle a localisé des éléments techniquement supérieurs à ce dont je disposais jusqu’ici : notamment sur La Horse, avec une bande ¼ de pouce provenant du Studio des Dames, quelques mois avant l’enregistrement de Melody Nelson. Comparez par exemple le son du morceau L’Alouette : il y a un fossé entre le mastering de 2001 et celui de 2015. Même chose pour Projection privée, avec notamment la version instrumentale (générique de fin) de la chanson L’Amour en privé… On a aussi intégré un remix disco de La Horse par les Marathon Men’s, remix jamais sorti en CD, uniquement sur un vinyle 25cm Cinémix en tirage limité. A titre personnel, je fantasmais sur Les Chemins de Katmandou. C’est l’un des Himalaya objectifs de la collaboration Vannier-Gainsbourg. Mais la situation semblait désespérée : plusieurs documents administratifs prouvaient qu’un 45-tours avait été envisagé sur Philips, en 1969. Or, aucun vinyle n’a jamais été publié et les archives d’Universal ne contenaient pas la queue d’un support sur cette musique. Seul YouTube permettait d’écouter un repiquage du générique début, au son tragique, mis en ligne par un geek guatémaltèque ! (rires) Du coup, pour représenter Katmandou dans le coffret, l’ami Fred Pallem a réenregistré une relecture du générique début, à la fois personnelle et respectueuse. Les éléments du coffret étaient sur le point de partir en fabrication quand la providence a décidé de nous donner un coup de main…
C’est-à-dire ?
En février, Jean-Claude Vannier était en vacances à Lisbonne. On se passe un coup de fil, je lui parle du projet, il me glisse sur un ton détaché : «Tu penses que la bande originale des Chemins de Katmandou pourrait t’intéresser ?» Pour un peu, j’ai failli faire le même malaise vagal que Sarkozy lors de son jogging de 2009 en plein cagnard ! (rires) À Lyon, dans un grenier, la fille de l’ancien copiste de Jean-Claude, était tombée par hasard sur une bande de Katmandou, planquée dans une vieille valise. C’était incroyable, fascinant, vertigineux : cette bande dormait dans une valise depuis 1969… et voilà qu’on la retrouvait en 2015, à la veille de graver les masters du nouveau Cinéma de Serge Gainsbourg. On a tout stoppé, in extremis, pour intégrer cette découverte miraculeuse. Katmandou, c’est la troisième collaboration entre Vannier et Gainsbourg, l’une des partitions où le “son Vannier” de l’époque claque le plus, avec La Horse et Cannabis : le timbre du clavinet, instrument fétiche qui relie ces trois partitions, le piment harmonique de Jean-Claude, son écriture pour cordes, reconnaissable entre mille… Il y a aussi un thème lyrique, Jane et Olivier, étrangement médiéval, avec des quartes successives, une interruption d’un piano un peu dissonant, à la Monk. En studio de mastering, Jean-Claude s’est demandé comment il a pu penser musicalement au Moyen-Age pour évoquer les communautés hippies au Népal ! (rires). Il y a aussi un bijou pop, Transe party des haschichiens, l’un des sommets du coffret, construit sur trois accords répétés, avec un chorus de guitare démoniaque, qui s’envole dans un vrai crescendo lyrique. Il faudra, à mon avis, peu de temps à ce morceau pour être samplé… Les mots me manquent pour remercier Jean-Claude de nous avoir transmis ce trésor, de s’être impliqué dans sa restauration en mastering. Grâce à lui, cette bande originale culte va être enfin publiée en disque, pour la première fois. Ce moment de partage sera, j’espère, à la hauteur des quarante-six ans d’attente !

Jean-Claude Vannier en studio de mastering avec les bandes masters des Chemins de Katmandou (photo : Jacquie GZ)
À l’inverse, quels titres n’avez-vous pas réussir à obtenir pour ce nouveau coffret ?
Bien sûr, il y a toujours des manques, des déceptions secrètes. Les bandes de Paris n’existe pas demeurent introuvables, ça reste une petite meurtrissure. J’ai quasiment eu accès aux multipistes d’une musique de Gainsbourg-Colombier intitulée Carré de dames pour un as, un nanar sixties de Jacques Poitrenaud, avec Roger Hanin. Mais l’ingénieur du son qui les avait conservées a eu la bonne idée de s’en débarrasser… dans une benne à ordures. Ca m’a crucifié sur place. Que dire d’autre ? Peut-être faudra-t-il concevoir dans quinze ans une troisième édition ? A chaque fois, sur les bo de Gainsbourg et de ses co-compositeurs successifs, j’ai l’impression d’avoir éclusé toutes les pistes, ressources ou fonds d’archives… Mais, souvent, les évènements me donnent tort. Donc…
Au vu de l’importance de ses arrangeurs, Gainsbourg était-il un second rôle, voire un figurant dans ses propres bandes originales…
Difficile à dire, nous n’étions pas présents à l’époque. L’écoute chronologique des bandes originales co-composées par Gainsbourg évoque presque Picasso : il y autant de contraste entre, par exemple, les périodes Goraguer et Sabar qu’entre la période bleue et la période cubiste. Ce sont des territoires très marqués, clairement délimités : l’arrivée de Michel Colombier se fait avec un twist échevelé (Comment trouvez-vous ma soeur ?) qui marque une vraie rupture avec le jazz sous influence West-Coast de l’époque Alain Goraguer. Ce qui est certain, c’est que le premier coffret m’a valu un e-mail à la fois chaleureux et revendicatif de Michel Colombier : “Serge et moi nous entendions comme larrons en foire, aussi bien dans nos collaborations que dans la vie quotidienne. Mais aujourd’hui, la situation n’est plus la même : les raisons de Serge (pour être seul à l’affiche) n’existent plus et les noms de ses co-compositeurs doivent figurer à côté du sien, comme il se doit.” C’était, selon la formule de Johnny Hallyday, l’occasion de “remettre les pendules à leurs places”. Donc, dès la seconde édition du Cinéma de Serge Gainsbourg, les quatre co-compositeurs historiques ont été enfin crédités comme tels. C’était un jalon décisif. Il aura fallu attendre plusieurs décennies pour qu’ils sortent de l’ombre et reçoivent enfin une reconnaissance officielle, à la hauteur de leur contribution.

Stéphane Lerouge (photo : Jérémie Imbert)
Une dernière chose à ajouter sur Le Cinéma de Serge Gainsbourg 2015 ?
Non, sinon qu’il s’agit d’une vraie édition revue et corrigée, augmentée, enrichie. Et qui, en terme d’actualité, correspond à un double anniversaire : d’abord aux 45 ans de la première bande originale co-signée par Gainsbourg et Goraguer, L’Eau à la bouche, publiée début 1960. Et, par ailleurs, aux 15 ans d’Ecoutez le cinéma !. Le Cinéma de Serge Gainsbourg fait aussi l’objet d’une version vinyle. Difficile, voire acrobatique de réduire à la cuisson 6 heures en 40 minutes. J’ai fait de mon mieux… en intégrant deux titres des Chemins de Katmandou. Après avoir été introuvable pendant quatre décennies, voilà cette bo incandescente simultanément disponible en CD, 33 tours et digital !
Quelle sera la prochaine sortie de la collection Écoutez le cinéma ?
Plusieurs gros projets sont en cours d’élaboration, dont le fameux coffret Quincy Jones, conçu avec l’implication et la bénédiction du maître. La sortie de cette somme sera peut-être l’occasion de nous revoir ?
Propos recueillis par Christophe Geudin