
L’autobiographie de Charlie Wilson en librairies le 30 juin
Après Nile Rodgers, George Clinton et Rick James, c’est au tour de Charlie Wilson, l’inoxydable ex-chanteur du Gap Band à la triomphante seconde carrière R&B de publié son autobiographie.
Le 30 juin, Atria Books proposera I Am Charlie Wilson, un récit à la première personne de 256 pages retraçant un parcours d’un demi-siècle où la gloire et les collaborations de prestige (de Stevie Wonder à Pharrell Williams) sont tempérées par de multiples addictions et un dur combat mené face à un cancer de la prostate. Notes de lecture prochainement dans ces pages…

“Glow, The Autobiography of Rick James”
2014 aura été riche en autobiographies de musiciens de légende. Glow, co-écrit par David Ritz -auteur d’ouvrages sur Marvin Gaye et Ray Charles- retrace la carrière homérique de Rick James. Huit choses à retenir d’une vie qu’on pourrait résumer en trois mots : sexe, drogues et punk/funk !
- Rick James a connu dix ans de galère avant de s’imposer
Loin d’avoir connu un début de carrière fracassant, Rick James a végété pendant plus d’une dizaine d’années dans le music-business avant de décrocher le succès avec son premier album solo Come Get It ! paru chez Motown en 1978. Les Mynah Birds, une formation pop/R&B dans lequel officient Neil Young et Bruce Palmer (futur bassiste de Buffalo Springfield), sont signés sur le label de Berry Gordy en 1966. Leur album ne sortira jamais, Rick James ayant échappé à la guerre du Vietnam en s’enfuyant au Canada, d’où le groupe est originaire.
À la fin des années 1960, James fréquente les stars du Laurel Canyon dans l’espoir d’atteindre la renommée de Joni Mitchell, James Taylor et surtout Crosby Stills Nash & Young. Bad luck : Alors qu’il pensait intégrer le quatuor désigné comme les Beatles américains, c’est le bassiste Greg Reeves, moitié de son duo prometteur Salt’n’Pepper, qui est invité à rejoindre CSNY.
En 1972, White Cane, un hybride jazz-funk-rock publie son premier (et unique) album The Great White Cane sur le label Lion. Un échec retentissant dû, d’après Rick James, un processus de production calamiteux au cours duquel le chanteur avait été exclu du studio par une équipe technique exaspérée par ses remarques.
- Rick James a failli être assassiné par Charles Manson
La tuerie du Benedict Canyon, imputée aux adorateurs de Charles Manson, était un des signaux meurtriers de la fin des joyeuses sixties. Jay Sebring, à l’époque propriétaire des salons de coiffures préférés des stars hollywoodiennes et manager de Rick James, invite un soir d’août 1969 son poulain à une soirée organisée dans la villa de Sharon Tate, alors épouse de Roman Polanski. Par chance, Rick James, victime d’une migraine suite à des excès commis la veille au soir, décline l’invitation et échappe au massacre dont seront victimes, entre autres, Jay Sebring et Sharon Tate.

- Rick James doit son nom de scène à Stevie Wonder
Né James Ambrose Johnson, Jr. le 1er février 1948, l’auteur de « Give It To Me Baby » et « Superfreak », après avoir démarré sa carrière professionnelle sous le nom Ricky James Matthews, a été baptisé Rick James par Stevie Wonder qui trouvait son patronyme trop long.
- Rick James se prenait pour Scarface
Dealer depuis l’adolescence dans les rues de Buffalo puis celles de Los Angeles, Rick James avait l’habitude, au début des années 1970, de s’approvisionner directement à la source en allant chercher sa cocaïne pharmaceutique en Colombie et en Inde !
- Rick James détestait vraiment Prince
Cible récurrente de Glow, Prince en prend pour son grade dès sa première tournée commune avec Rick James, en 1980. James l’accuse (entre autres), d’avoir copié son look outrancier, son funk aux couleurs pop, ses chorégraphies scéniques et son groupe de filles Vanity 6, décalque, selon lui des Mary Jane Girls. Décrit comme arrogant (ainsi que ses musiciens) Prince aurait également commis un crime de lèse-majesté en refusant de signer un autographe à la mère de Rick James. Des représailles, après que James, quelques années plus tôt, eut fait ingurgiter de force une bouteille de cognac à un Prince pleurant de colère ?

- Rick James a improvisé « Superfreak » en direct dans le studio
Une simple ligne de basse jouée pendant l’enregistrement de Street Songs (1981) est à l’origine du plus grand hit de la carrière de Rick James. « J’ai improvisé ce riff que je trouvais hypnotique. « J’ai demandé à un ingé-son de brancher un micro et j’ai commencé à chanter cette histoire comme elle me venait, l’histoire d’une super-break. Je n’ai pas écrit un seul mot, je l’ai improvisée en direct. C’est venu comme ça », raconte Rick James dans Glow.
- Rick James était un starfucker
Le tableau de chasse du Superfreak est particulièrement impressionnant : entre groupies, mannequins, princesses, prostituées et girlfriends occasionnelles, l’ouvrage cite les noms de Jan Gaye (ex-femme de Marvin et inspiratrice de Let’s Get It On), Teena Marie, Catherine Oxenberg (de la série Dynastie) et Linda Blair, la vedette de L’exorciste !
- Rick James avait neuf drogues différentes dans le corps au moment de sa mort
Le 6 août 2004, Rick James décède d’une crise cardiaque à l’âge de 56 ans. L’autopsie révélera que son corps contenait neuf drogues différentes, dont de la cocaïne, du valium, du Vicodin et de la méthamphétamine.
Glow, The Autobiography of Rick James de David Ritz *** (Atria Books, 346 pages).
Disponible uniquement en anglais.

“Let’s Go Crazy, Prince and the Making of Purple Rain”
À défaut d’une édition Deluxe célébrant en 2014 les 30 ans du combo film/album Purple Rain, Alan Light, journaliste à Rolling Stone, Spin et Vibe revient sur le phénomène pop qui balaya l’été 1984. Basé sur des entretiens de première main en compagnie de Wendy Melvoin, Lisa Coleman, Matt Fink, Bobby Z., Jill Jones et du tour manager Alan Leeds, Let’s Go Crazy, Prince and the Making of Purple Rain décrit de l’intérieur le quotidien de The Revolution, des prémices d’un projet fou à la dépression post-succès en passant par le zénith de la Princemania.
Qui aurait bien pu miser sur un long-métrage réalisé au fin fond du Minnesota par un réalisateur débutant (Albert Magnoli) avec pour vedette une popstar semi-inconnue du grand public et un casting d’acteurs en grande partie non-professionnels ? L’enquête d’Alan Light, qui a rencontré Prince plusieurs fois au cours des années 1990 et 2000, insiste à juste titre sur l’importance du tandem Cavallo-Fargnoli, alias la spaghetti connection, et leur pouvoir de persuasion que n’aurait pas renié les personnages de la saga sicilienne de Coppola. Une fois tombées les portes d’Hollywood, Let’s Go Crazy décrit un difficile tournage hivernal dans des conditions climatiques extrêmes compensé par la dynamique collective choisie par Prince au profit des membres de The Revolution. Un des rares moments d’ouverture d’une carrière marquée par un individualisme forcené, et aussi l’occasion de rares épanchements personnels racontés par Susannah Melvoin et l’ingénieure du son Susan Rogers. Une source de tension également : le livre rapporte les différents irréconciliables entre Prince et un Morris Day sous influence, sans oublier les clivages personnels à l’intérieur de The Revolution, notamment lors de l’arrivée de Wendy à la place de Dez Dickerson. Les dernières semaines de la gigantesque tournée Purple Rain sont aussi l’objet de pages relatant l’épuisement moral et physique du groupe, et surtout l’impossibilité pour son leader de reproduire un momentum identique lors de la suite de sa carrière (“après Purple Rain, Prince n’a pas su allier son art, son besoin de promotion et sa célébrité”, observe Lisa Coleman).
Tout en soulignant l’importance de l’album et en faisant preuve d’objectivité sur les nombreux défauts du long-métrage, Alan Light resitue la saga Purple Rain dans son contexte historique, celui de l’Amérique d’un Ronald Reagan obsédé par la – vraie- guerre des étoiles, d’une Amérique à la scène pop où les rivaux du kid Minnéapolitain ont pour nom Michael Jackson et Bruce Springsteen (rapprochements pertinents entre les trajectoires siamoises de Purple Rain et Born in the USA) et une Amérique glam où Prince a crée ses propres codes musicaux, vestimentaires et même capillaires (“On a détruit la couche d’ozone !”, s’amuse encore Lisa Coleman). Dig if U will the picture…
Jacques Trémolin
Alan Light Let’s Go Crazy, Prince and the Making of Purple Rain *** (Atria Books) 300 pages. Disponible uniquement en anglais.

George Clinton “Brothas Be, Yo Like George”
Qu’apprend-on après avoir refermé les 385 pages de Brothas Be, Yo Like George, Ain’t That Funkin’ Kinda Hard On You ?, l’autobiographie de George Clinton basée sur des entretiens réalisés par Ben Greenman. On savait déjà que le MC en chef de Parliament/Funkadelic était un conteur hors-pair, et ces mémoires faisant preuve d’une étonnante précision mémorielle confirment le retour à la grande forme du Dr. Funkenstein. « Clean » depuis 2010, George Clinton raconte une vie proche de la structure idéalisée d’un biopic, du difficile apprentissage de jeunesse à l’âge d’or des années 1970, puis la descente aux enfers (narcotique et juridique) avant la rédemption tardive. Épicentre de l’ouvrage, les années P-Funk privilégient la description des concepts épiques de chaque album de Parliament et Funkadelic aux détails d’enregistrements et aux bacchanales de tournées qui, selon témoins, n’avaient rien à envier aux campagnes de destruction massive des rockers seventies. Bootsy Collins et Bernie Worrell sont les seconds rôles principaux d’une saga délirante émaillée d’anecdotes sidérantes, de la rencontre fortuite de zombies sur le tournage de La nuit des morts vivants en passant par l’incroyable épisode du guitariste anonyme de « Get Off Your Ass and Jam ».
Sly Stone, l’autre acolyte de Brothas Be, Yo Like George…, occupe également une grande place dans un récit dont le dernier tiers décrit (parfois longuement) les déboires juridiques de George Clinton victime des bad guys Armen Boladian et Nene Montes, dépositaires illégaux d’enregistrements historiques produits pour Westbound, Warner Bros. et Capitol. Malgré quelques réserves, Brothas Be, Yo Like George, Ain’t That Funkin’ Kinda Hard On You ? constitue une lecture passionnante mais malheureusement réservée aux anglicistes, la chose ayant peu de chance d’être traduite un jour dans la langue de Molière.
Jacques Trémolin
George Clinton Brothas Be, Yo Like George, Ain’t That Funkin’ Kinda Hard On You ? **** (Atria Books)

L’autobiographie de Sheila E. en septembre
Le 2 septembre, The Beat of My Own Drum, l’autobiographie de Sheila E., sera disponible en libraires. Co-rédigée par Wendy Holden, cet ouvrage de 336 pages publiée par Atria Books reviendra sur le parcours de la batteuse, notamment ses collaborations avec George Duke, Herbie Hancock, Billy Cobham, Marvin Gaye, Ringo Starr, Lionel Richie et, bien sûr, Prince. The Beat of My Own Drum abordera également son expérience douloureuse et son combat personnel à travers ses épreuves de jeunesse.
“Je viens de terminer d’écrire mon autobiographie, et certaines des choses qui me sont arrivées se retrouvent dans ces chansons. Sur mon dernier album, « Girl Like Me » parle des femmes qui ont été violentées et violées comme je l’ai été. On ne sait pas toujours comment évoquer ces choses, et les gens n’aiment pas aborder ces questions (…). Je veux leur montrer qu’ils peuvent guérir en s’ouvrant aux autres, et qu’ils ont aussi droit à une vie heureuse au lieu de sombrer dans la dépression et la douleur”, nous confiait Sheila E. l’an dernier.
PS : Sheila E. sera de retour en France le 2 avril 2015 à L’espace Carpeaux de Courbevoie.

L’autobiographie de George Clinton en octobre
Brothas be like, “George, Ain’t That Funkin’ Kind of Hard on You?”: A Memoir, l’autobiographie de George Clinton, paraîtra le 21 octobre chez Atria Books. Co-rédigées en compagnie de Ben Greenman, qui avait déjà cosigné l’autobiographie de Questlove, ces mémoires retraceront la carrière hors-normes du Dr. Funkenstein, de ses débuts dans son salon de coiffure du New Jersey à son récent retour à la grande forme. 400 pages à dévorer en VO à partir du 21 octobre. À moins qu’un courageux traducteur parvienne à traduire son titre en français. Des idées ?