Live Report

Live Report : Überjam Band feat. John Scofield, Paris (New Morning) 18/11/2013

John Scofield a fait une infidélité à sa fameuse Ibanez façon 335 pour une imitation Telecaster, d’un bleu pastel du plus bel effet. Impossible cependant de lui reprocher cet adultère. Car le concert de ce soir était probablement un des meilleurs du guitariste à Paris ces dernières années. À chaque fois qu’il se produit, l’homme change de projet. L’heure était au Überjam Band, quelque peu modifié par rapport au groupe d’origine (seul reste le guitariste Avi Bortnick, qui cosigne beaucoup de morceaux du projet). On craignait la frustration : John Medeski, caution funky du groupe, était aux abonnés absent. Mais la peur du vide laissé par le clavier a vite été chassée par l’enthousiasme.

Überjam est le projet le plus hétéroclite de John Scofield, pour ne pas dire un des plus passionnants. A chacun de ses passages parisiens, on en espérait un extrait, en vain. Il aura fallu attendre plus de dix ans et la publication d’un second volume pour voir enfin Scofield sortir de son jazz habituel. Le résultat fut au dessus de l’attente. D’abord, parce que le guitariste a l’air bien plus heureux et épanoui que les fois précédentes, prenant le micro très souvent sans jamais manquer d’humour (« Vous enregistrez mon concert avec votre téléphone au lieu d’acheter le disque ? Venez me voir avec votre téléphone tout à l’heure, je vous le dédicacerai ! »). Mais aussi parce que l’effusion musicale est là. Et le groove aussi. Comme sur disque, le groupe est épaulés par divers sons et samples orchestrés par Avi Bortnick, virtuose en son genre, qui confèrent à l’ensemble une (d)étonnante modernité. Sco peu se rassurer : musicalement, il ne fait pas son âge.

Si le jazz est bien sûr le liant, les autres styles ne sont vraiment pas loin. Du reggae avec « Dub Dub » à la soul avec un hommage à Al Green. John Scofield et son jazz protéiforme ont même réussi à faire danser son public – debout ce soir – signe que ce qu’il créé là est un instant musical précieux. On restera particulièrement admiratifs de  »Curtis Knew », qui pourrait être au jazz-funk ce que le Who Else de Jeff Beck est au jazz-rock. Le rappel finira de nous achever, quand l’excellent batteur Louis Cato prendra le micro pour une version blues-soul de « I Don’t Need No Doctor », prouvant que sa voix n’a rien à envier à son jeu de batterie et agitant par la même occasion un public gonflé à bloc. Le concert fut à l’image de ce dernier titre : total, et totalement réjouissant.

Setlist

Snake Dance

Ladies Night
Boogie Stupid
Jungle Fiction
Dub Dub

Camelus
Curtis Knew
Al Green Song
Thikhathali
I Don’t Need No Doctor

Line-up : John Scofield (Guitare), Arvi Bortnick (Guitare), Louis Cato (Batterie), Andy Hess (Basse,Contrebasse)