Interview

Jamie Lidell « Je suis très tatillon sur les sons »

Après un Compass soul-pop très moyen, Jamie Lidell est de retour avec un album à son nom et à son image. Courte rencontre avec ce musicien polymorphe, aussi bavard que créatif.

Funk★U : Quelle serait ta définition du beat ?

Jamie Lidell : J’adorais Chic quand j’étais gosse. Étant gamin, j’avais besoin d’un bon beat pour me défouler. Et le beat, pour moi c’était Chic. Quand tu entends  »Good Times », même maintenant, c’est fou. C’est marrant comme ces choses qui sont faites en studio sonnent d’une manière robotique. C’est marrant de voir comment les machines se sont intégrées dans le funk. Aujourd’hui, il y a toujours une machine dans le processus, sauf si tu es les Dap Kings, avec ce son super authentique. J’aime le mélange homme-machine, « Sex Machine »…

( »You Don’t Listen » de General Elektriks passe dans les enceintes de l’hôtel).

C’est repris de Escape From New York (John Carpenter, 1981), non ? Qui est-ce ? On avait l’habitude, du temps de Super Collider, de rentrer sur scène avec la version originale du morceau (il chante). Désolé, j’ai été distrait, un autre morceau ?

Que penses-tu d’un nouvel artiste comme Allen Stone ?

C’est le genre d’artiste qui peut aller loin. Je n’accroche pas vraiment avec le choix des arrangements. Ce n’est pas parce qu’il n’a pas de talent, mais je n’aime pas ce qu’a fait l’ingénieur du son. Quand tu entends une voix dans un enregistrement, c’est difficile de savoir quelles sont ses réelles capacités. Mais je suis sûr que si tu le voit en live, il est vraiment bon. C’est bizarre, j’ai été au American Idol et ils sont sympas ! Vraiment talentueux, il n’y a pas de doute. Mais c’était triste d’une certaine façon parce qu’on sait que seulement un ou deux feront une carrière et que les autres retourneront à leur vie d’avant. Ils goûtent à tout ce grand spectacle, c’est compliqué d’entrer dans le business. Je ne sais pas quel âge il a, mais c’est bon.

Tu produis aussi de jeunes artistes.

Oui, j’ai construit mon propre studio et j’ai fait deux albums en tant que producteur cette année. Un mec appelé Guillermo Brown qui fait une soul avant-gardiste. J’ai travaillé dur avec lui pour obtenir un son unique et différent de ce qu’on entend d’habitude. Et l’autre gars, Ludwig Persik, a 22 ans. On a fait des chansons plus classiques genre Lennon, T. Rex, David Bowie. Il voulait écrire et c’était cool de bosser avec lui parce que ses chansons sont vraiment solides. Il peut s’asseoir et prendre une guitare, ça sonne déjà comme une chanson finie. J’ai été bien occupé.

Comment vont ses passer tes concerts pour ton nouvel album ?

C’est différent à chaque fois, mais pour cet album ça va être complètement solo. Ce qui est étrange, parce que quand tu écoutes les chansons, tu entends tellement de sons que tu as l’impression qu’il y a un groupe de 12 personnes, genre Prince & The Revolution. Il y a des percus, des backing vocals... Mais comme je l’ai dit, je suis très tatillon sur les sons, alors, si je ne peux pas avoir le même son avec un groupe, je préfère presque être seul. Je me focalise sur le son de ma voix et sur le côté plus électro, je sens que c’est ce qu’il y a de plus important sur cet album, c’est plus intéressant pour les gens, je crois. Presque comme s’ils étaient sur le dancefloor avec moi…

Noé Termine (un grand merci à Queen Mafalda pour la retranscription’)

Jamie Lidell Jamie Lidell (Warp Records) Sortie le 18 février en CD, digital et double LP.